Escarbotin

Escarbotin, l’une des plus importantes agglomérations de l’arrondissement d’Abbeville, a connu en peu de temps un développement considérable.

En l’an 1600, Escarbotin comptait 280 habitants.

Si Escarbotin se distingue par quelques particularités, il se distingue aussi par son nom qui se compose de dix lettres dont pas une ne se répète. Ce nom, d’après Henri de Valicourt, serait d’origine scandinave. Rien d’étonnant à cela puisque notre région a été occupée par les Normands. Il est permis de soupçonner , en effet, l’existence d’un camp au bout de la « justice Pierre Monde» au lieu dit « La Jatte». C’est une petite vallée, bordée de talus, d’où le mot scandinave SCAR qui signifie monticule, éminence, sommet. On le retrouve d’ailleurs dans le nom d’une ville d’Angleterre: Scarbourg avec les mêmes significations. D’autre part, dans la langue suédoise, le mot BOTTEN équivaut, dans certains cas, à vallée. La réunion des deux mots scandinaves a donc pu donner naissance au mot Escarbotin.

A l’origine, Escarbotin ne devait être qu’un lieu-dit qui prenait fin vers Friville, à l’emplacement occupé aujourd’hui par le Crédit du Nord. On peut voir encore les vestiges d’une maison qui fût habitée jadis par Rosette Descamps, ainsi nommée parce que sa maison se trouvait dans les champs.

Ce village a vu naître les De Montmignon, une famille de magistrats, dont une rue d’Amiens porte le nom, ainsi qu’un certain nombre d’artisans serruriers, parmi lesquels nous citerons au dix-septième siècle les Boutté, les Caron et au XVIII siècle les Vasseur, les Ducorroy, tous noms qui se sont perpétués jusqu’à nous.

C’était des enracinés, des travailleurs ingénieux, qui ont contribué, pour une large part, à porter dans le monde entier, la renommée des produits du Vimeu.

En 1708, on baptise à Escarbotin Jean-Baptiste Caron, fils de François Caron serrurier. Depuis cette époque, les Caron ont continué de père en fils, la tradition de leurs ancêtres. Saluant, en passant, ces modestes, mais non moins méritants continuateurs du métier de serrurier.

Pour avoir une idée de ce que fût Escarbotin, il faut visiter le vieux quartier, le «bout de la Ville» actuellement rue Hubert Acoulon. Cette rue constituait, dans son ensemble le vieux pays.

Vers le milieu du siècle dernier, des animateurs dévoués et intelligents ont fait du pays ce qu’il est aujourd’hui. Nous pouvons citer quelques noms : Joseph Depoilly, Eugène Maquennehen, Imbert, Paul Fleury, Edmond Decayeux, Hubert Acoulon, Benjamin Ouin, Gontrand Acoulon, Adolphe Foratier, pour l’administration communale et parmi les artisans réputés ; Pierre Grandsire, Edouard Beauval, François Dufrenne, Adolphe Fromentin, Jules Grandsire, etc ...

Le 23 avril 1864 on inaugurait le marché. La musique d’Escarbotin existait déjà en 1865. Elle fût fondée par Benjamin Ouin. A l’origine, les musiciens étaient pourvus d’un uniforme et portaient le shako.

La société de Secours Mutuels d’Escarbotin-Belloy a été fondée le 15 février 1872, par Joseph Depoilly et l’Abbé Allart et ses statuts ont été approuvés le 27 novembre 1880.

En 1907, l’Union des Commerçants était fondée et cette société connut aussitôt le succès. Elle est aujourd’hui plus vivante que jamais.

Le pays possède de nombreux groupements de natures diverses et une école de Métiers.

Escarbotin, n’a pas un passé historique bien lointain, mais il est un bel exemple de ce qu’on peut faire de sérieux et de durable, lorsque les intérêts d’un pays sont entre les mains d’administrateurs dévoués et compétents.

• L’étymologie de «ESCARBOTIN» pourrait être «butte à l’écart» ou «escarbille». Celle de «FRIVILLE» serait « villa froide». Celle de «Belloy» n’est pas connue.

• Les constructions les plus anciennes du bourg se trouvent à FRIVILLE. L’église, dont le chœur date du XVlè siècle, rappelle que FRIVILLE fut autrefois le chef-lieu de la paroisse devenue commune de FRIVILLE-ESCARBOTIN par la suite.

Les écrits mentionnent l’existence d’un seigneur de FRIVILLE en 1185. Le château actuel fût construit plus tard, à la fin du XVllè siècle ou au XVlllè siècle, par la famille de Coppequesne qui avait reprit la seigneurie de FRIVILLE au XVè siècle.

L’église d’ESCARBOTIN, plus récente (1839), occupe l’emplacement d’une ancienne chapelle fondée en 1637 par Etienne de Roussé, qui fit construire aussi, à la même époque le Château d’ESCARBOTIN.

Ce dernier bâtiment servit d’usine au XlXè siècle et ce qu’il en reste est occupé par la bibliothèque municipale actuelle, à proximité de l’église.

• L’église de Friville :

A l’extérieur, vers la place de Friville, une sculpture dans la pierre dure et blanche des armoiries de la famille d’Hardivilliers, propriétaire autrefois du domaine de Friville.

• Belloy sur Mer fut toujours un hameau de FRIVILLE, mais il constituait une seigneurie distincte, dépendante de Cayeux. La Chapelle de Belloy fût bâtie par Jean-Baptiste de Montmignon en 1756, puis restaurée au XlXè siècle. Elle faisait partie du domaine du Château de Belloy et elle fût cédée à la commune en 1927 par Monsieur Paul Laperche. L’actuel Château de Belloy, remplaçant un Château plus ancien, date du milieu du XlXè siècle. En partie détruit par un incendie en 1951, il a été restauré.

• FRIVILLE-ESCARBOTIN est souvent appelée la «capitale de la serrurerie». Cette activité est très ancienne puisque la légende veut qu’elle ait été introduite à ESCARBOTIN en 1636, par Maquennehen, horloger ambulant venu d’Allemagne. Les historiens ne sont pas tous d’accord sur cette origine, puisque l’on trouve trace de la famille Maquennehen à ESCARBOTIN dès 1599, et de l’existence d’un autre serrurier, Jean Boutté, en 1604, à FRIVILLE.

• La serrurerie s’est développée à FRIVILLE-ESCARBOTIN et dans le Vimeu au XVlllè siècle (nombreux ateliers artisanaux et travail à domicile) et surtout au XlXè siècle où l’apparition des premières usines et des fonderies à fonte malléable ( en 184 3) a permis une diversification des activités industrielles issues de la serrurerie.

Dès 1826 apparaissent les premières fonderies et robinetteries. A partir de 1860, la robinetterie connaît une forte expansion avec la mise en place du gaz de ville à Paris.

Les matières plastique arrivent beaucoup plus récemment, vers les années 1950, où elles ont tendance à remplacer le caoutchouc et le métal.