IntraMuros, l'essentiel de votre territoire

L'Eglise Notre Dame

Située dans l’ancien diocèse d’Angoulême, cette église a été mise en 1110 sous la tutelle, des chanoines de la cathédrale d’Angoulême. Ils nommaient ainsi le curé et les revenus de l’église leur étaient attribués.

Historique

L’église a été construite au XIIe siècle. Comme bon nombre d’églises du territoire, l’édifice a dû subir les dommages de la guerre de Cent Ans (qui opposa Français et Anglais de 1337 à 1453) et des guerres de Religion (qui opposèrent catholiques et protestants pendant la seconde moitié du XVIe siècle). Lors des guerres de Religion, l’église perd ses voûtes, son clocher carré et sa façade. D’importantes reconstructions s’effectuent entre le XVIIe et le XVIIIe siècle puis de nombreuses restaurations sont menées au cours du XIXe siècle. L’église est ni inscrite ni classée au titre des monuments historiques. Cependant une statue représentant une vierge à l’enfant datant du XVIIe siècle ainsi qu’un tympan déposé dans une ancienne arcade de la façade du XIIe siècle représentant Saint-Pierre sont inscrits aux monuments historiques au titre des objets.

Architecture

Cette église présente un plan très simple : un long vaisseau couvert en berceau se termine par une abside en hémicycle. Le plan d’origine était différent : la nef de trois travées était suivie par un faux carré supportant le clocher carré. Une abside en hémicycle, couverte en cul de four terminait l’édifice.

De l’église d’origine, il reste peu de chose. Le sol initial se trouve à 1m50 sous le sol actuel. Les voûtes se sont effondrées et les matériaux de démolition n’ont pas été enlevés. La base des colonnes est encore visible à un endroit précis car un sondage avait été réalisé.

La nef est aujourd’hui couverte d’une voûte en berceau en brique qui pourrait dater du XIXe siècle. Les colonnes engagées dans les murs gouttereaux témoignent d’un ancien voûtement. Au vu des vestiges encore visibles (trace d’un pendentif sur la première travée côté nord, d’un arc doubleau), Pierre Dubourg-Noves pense que cette église était couverte d’une file de quatre coupoles sur le modèle de celle de la cathédrale d’Angoulême[1].

Sculpture

Deux chapiteaux de la nef sculptés d’enroulement de feuilles, de palmettes, de bourgeons et d’oiseaux pourraient dater de la fin de la première moitié du XIIe siècle (vers 1130-1140) et sont de la même veine que la sculpture de la cathédrale d’Angoulême (même épaisseur de sculpture et décor foisonnant).

Une statue en bois représentant une vierge à l’enfant du XVIIe siècle est installée dans une niche couverte d’un arc en plein cintre. Elle est inscrite aux monuments historiques, au titre des objets depuis 1995.

Extérieur

La façade du XIIe siècle était plus à l’ouest (d’1,80 m selon Pierre Dubourg-Noves, la première travée de la nef ayant été diminuée). La façade actuelle date du XVIIe siècle (1609). Elle est percée d’une porte et d’une fenêtre en plein cintre et elle s’achève par un clocher ouvrant par deux arcades sur la façade. L’église du XIIe siècle possédait probablement un clocher carré situé sur le faux-carré.

L’édifice a subi des remaniements à partir du XVIIe siècle, comme l’attestent les éléments de remploi sur la façade. Un tympan orné d’un bas-relief représente Saint-Pierre.

Il tient les clefs du royaume des cieux et le livre saint. Son visage est abîmé. Il pourrait dater du 2e quart du XIIe siècle. Son style est dans la lignée des sculptures réalisées sur la façade de la cathédrale d’Angoulême.

L’œuvre est installée dans un tympan surmonté d’un arc en plein cintre, souligné d’entrelacs. La position agenouillée du personnage se justifie par rapport à la place dont disposait le sculpteur. Une vierge à l’enfant en ronde-bosse est placée dans une niche centrée sur la façade (probablement pas de la même époque que l’œuvre précédente).

L’église primitive devait posséder une façade à arcades aveugles surmontées d’un tympan décoré de bas-reliefs encadrant un portail. Cet élément sculpté a été inscrit aux monuments historiques au titre des objets en 2004.

Un autre tympan a été découvert dans la propriété qui se trouve au chevet de l’église, remployé dans le mur d’une grange datant du XIXe siècle. Il s’agit d’une représentation du Christ barbu. Sa main droite est tendue dans un geste de bénédiction et sa main gauche porte le livre. Sa tête est entourée du nimbe crucifère.

Ce Christ a des yeux particulièrement allongés. Christian Genbeistel[2] pense qu’il pourrait s’agir d’un bas-relief datant du XIIe siècle, de la même veine que le Saint-Pierre.

Il avait peut-être les mêmes traits avant que son visage ne s’abîme. La configuration de la façade pourrait être la suivante: le Christ se trouvait à droite et saint Pierre à gauche selon la tradition de la représentation religieuse (le Christ donne les clefs à saint Pierre de la main droite).

Vestiges lapidaires dans le mur nord de l’église (propriété privée)

Insérés dans le mur gouttereau nord de l’église, se trouvent des modillons issus très certainement de l’ancienne façade de l’église. Ils représentent des visages, ont un décor de damier ou bien sont seulement épannelés.

Ancien presbytère

Le bâtiment qui jouxte l’église Notre-Dame au nord pourrait avoir été le presbytère. Nanglard écrit que le presbytère a été vendu en 1795[3]. Sa façade principale a été fortement transformée au cours du XXe siècle, dans un style XVe siècle. Avant sa transformation, la façade présentait selon la tradition orale les vestiges d’un arc à accolade.

 

[1] DUBOURG-NOVES (P), « Quelques réflexions sur les églises à coupoles des diocèses d’Angoulême et de Saintes », Bulletin de la société des antiquaires de l’ouest, 1980, tome XV.

[2] Communication orale

[3] NANGLARD (J) l’abbé, Pouillé historique du diocèse d’Angoulême, Tome II, p.254