MAIRIE

La mairie de Dorlsiheim est domiciliée en ses actuels locaux, au 41 Grand Rue, depuis 1817.

L’architecture Renaissance des parties les plus anciennes de l’ensemble témoigne d’une existence    dès le XVIème siècle. Les locaux ont fait l’objet de plusieurs rénovations depuis l’installation des fonctions municipales, au XIXème siècle. La plus récente a eu lieu en 1995 et a notamment permis d’améliorer l’accessibilité du bâtiment aux personnes à mobilité réduite. Le bâtiment est inscrit à l’Inventaire des Monuments Historiques. Devant le porche de la mairie se trouve un puits de style Renaissance. Daté de 1605, il est classé Monument Historique.

Morphologie

L’ensemble bâti se compose d’éléments construits à différentes époques. C’est la façade, en bordure de rue, et plus précisément la partie droite de l’élévation, qui témoigne de l’âge le plus ancien. En effet, la date de 1594 est inscrite sur le linteau de la porte d’entrée, sous le porche.

Au XIXème siècle, la partie gauche de la parcelle est occupée par un bâtiment long servant d’écuries communales. Il est aujourd’hui occupé par les services techniques et accueille notamment les équipements anti-incendie. Toujours côté rue, l’actuelle salle des mariages est construite en 1842 mais on lui prévoit une destination différente puisqu’il s’agira d’un corps de garde. La construction de ce dernier est envisagée depuis les années 1800 pour remplacer l’ancien corps de garde, situé sur la placette où se croisent la Grand Rue et la rue de l’Eglise. En termes stylistiques et historiques, on distingue donc la partie ancienne du bâtiment, du XVIème siècle, qui accueille aujourd’hui les services administratifs, et la partie gauche de la façade, ainsi que les longs bâtiments de la cour, du XIXème siècle.

La partie ancienne présente un plan rectangulaire à pignon sur rue, en moellon avec chaînes d'angle. Enduite en extérieur, la charpente est toutefois visible sur les trois niveaux intérieurs - rez-de-chaussée, 1er étage et combles, auxquels s’ajoute une cave voûtée. On observe des fenêtres moulurées de style Renaissance qui ont fait l’objet d’une restauration en 1995, à  l’occasion de la rénovation complète du site. Certaines de ces fenêtres sont séparées par un meneau central. La porte d’entrée présente quant à elle un arc en anse de panier dont les premiers claveaux sont géométrisés. Les piédroits sont ornés de petites volutes de part et d’autres et ont fait l’objet de restaurations multiples, visibles aux différences chromatiques que montre la pierre.  Le Linteau porte la date de 1594 et les armoiries de Dorlisheim - un fer à cheval - et de Rosenwiller - un curoir et une serpette. Le bâtiment aurait accueilli une salle de classe pour les enfants des deux communes dès le 4ème quart du XVIème siècle.

Au rez-de-chaussée, une colonne en bois aux aisseliers richement sculptée soutient la charpente et porte la date de 1662 ainsi que les initiales “PL”. Ces dernières peuvent être attribuées à un commanditaire privé qui aurait effectué des travaux l’année mentionnée. La colonne présente deux visages et le traitement des ornements floraux diffère du style Renaissance constaté jusqu’à présent. Il s’agit d’un ajout postérieur probablement motivé par une reprise des agencements intérieurs.

Enfin, la cave, voûtée en berceau est ornée d’une entrée à arc en plein cintre. Un second arc la sépare en deux espaces.

La rénovation de 1995 a eu pour objectif la réorganisation intérieure des espaces, la restauration des éléments remarquables inscrits à l’Inventaire des Monuments Historiques et l’aménagement d’équipements communaux dans les bâtiments longs. Elle a également permis la création d’une toiture végétalisée au-dessus du bâtiment long situé en partie droite et du caveau comme lieu de rencontre accessible librement aux jeunes dorlisheimois. L’accessibilité des locaux aux personnes à mobilité réduite a été réalisée et le local technique des pompiers a lui aussi été aménagé, en lieu et place des anciennes écuries.

Différentes occupations des lieux

Si l’on ignore la date de construction exacte de la partie ancienne du bâtiment, on sait néanmoins que celui-ci est utilisé au moins depuis le 4ème quart du XVIème siècle, en raison de l’inscription de la date 1594 sur le linteau de l’entrée. La localisation d’une école intercommunale en ces murs est tout à fait probable puisque les écrits mentionnent l’existence d’un enseignement scolaire à Dorlisheim depuis 1541.

L’actuelle salle des mariages, construite à la moitié du XIXème siècle, a donc eu pour vocation initiale l’accueil du nouveau corps de garde de la commune. Les plans montrent qu’une petite pièce en rez-de-chaussée a été prévue pour servir de prison. Par la suite, cette petite salle a elle aussi été utilisée comme salle de classe.

Dans la partie ancienne du bâtiment, l’actuel espace d’accueil aurait été utilisé comme laiterie pendant de nombreuses années.

L’installation des services municipaux s’effectue en 1817. Un premier bail est signé le 13 Septembre 1817, pour une durée de neuf années et avec effet au 1er Janvier 1818. Le contrat stipule que les locaux sont mis à la location “pour le service municipal et l’usage de ladite commune”. La mairie s’appelle alors la “maison commune”.

L’ensemble se compose “d’un rez-de-chaussée, de trois chambres, d’un petit logement en étage, du jardin et de la partie du fossé” correspondant à la parcelle. Ce bail sera régulièrement renouvelé.

Au fil des ans, la commune met en place un accueil de soutien aux personnes en difficultés économiques ou malades. Ainsi, en 1835, un logement à caractère social est aménagé dans les espaces en étage. En 1850, on projette la création d’une chambre de malade avec dépendance,

au premier étage des écuries aménagées et que l’on nomme dorénavant “bâtiment économique”. La volonté de la commune est d’oeuvrer “pour le soulagement de quelques malades sans ressources”. Pour ce projet, la commune est “secondée par des personnes charitables”. Ceci signifie qu’elle reçoit le concours financier de particuliers.

A partir des années 1850, le bâtiment économique fait l’objet d’une nouvelle transformation. Un logement est créé pour être mis à la location à tarif symbolique. On sait que des fermiers ont occupé ce logement et les baux de location stipulent les conditions d’utilisation de la cour . Ainsi, il est interdit d’y déposer du fumier ou du bois mais l’accès au fossé est possible. Les baux rappellent par ailleurs l’obligation de garantir l’accès aux charrettes visitant la maison commune.

Située dans le coeur de l’ancien périmètre fortifié de la commune, la parcelle sur laquelle se sont installés les services municipaux se développe en longueur de manière caractéristique depuis le centre du village en direction du fossé communal. Toutefois, l’implantation des bâtiments diffère de celle que l’on retrouve majoritairement sur cet axe du plan de la commune et sur lequel les parcelles sont exploitées historiquement par des activités reliées à l’agriculture. On peut en déduire que, depuis la création du bâti, cette parcelle a été utilisée pour des activités d’ordre tertiaire et a continué de l’être au fil des générations. La construction de l’école assortie de logements, en milieu de parcelle, au XIXème siècle, corrobore cette hypothèse.

La présence du puits Renaissance aux abords de la mairie qualifie également cette partie du village de lieu de rassemblement, en ce sens que l’approvisionnement en eau est un élément important de la sociabilité au Moyen-Âge.

Si le puits est un lieu de rencontre, il est intéressant de constater que le seul exemplaire qui a traversé les générations, à Dorlisheim, se situe juste devant la mairie, siège de la collégialité d’une commune.

Marjorie Deshayes

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