L'église de Val-de-Cognac, Saint Sulpice de Cognac

Un peu d'histoire

La plus ancienne mention de l’église paroissiale Saint-Sulpice « prope Compniacum » remonte à la donation qu’en fit Guillaume Paluel, en 1072, à l’abbaye d’Ébreuil (Allier) qui la rattacha à son prieuré de Saint-Léger-de-Cognac ; elle en demeura une dépendance jusqu’en 1622.

Sans doute peu après cette donation, l’église fut reconstruite selon un plan assez ambitieux : une large nef, un transept bas, très saillant mais aux bras assez étroits, deux absidioles orientales qui, à l’origine, flanquaient une abside centrale dont les fondations ont été remises au jour  et laissées visibles lors de travaux en 1978-1979. La croisée sous clocher,  a été couverte, (dès l’origine ?) d’une coupole sur trompes. La nef communique directement avec les croisillons par des ouvertures qui ont fait croire qu’elle comportait, à l’origine, des bas-côtés; mais Pierre Dubourg-Noves a montré qu’il s’agissait en fait d’une variante du système des passages latéraux du type dit « berrichon ». À la fin du XIIe s. la façade fut reconstruite, dans un style très sobre, selon un schéma fréquent dans tout l’ouest de la France (portail à voussure encadré par deux baies aveugles avec, à l’étage, une quintuple arcature percée au centre par une fenêtre). On peut supposer que c’est à la même date que les croisillons furent couverts d’une voûte en berceau, ainsi peut-être que la nef car, même si la voûte actuelle, faite de briques creuses, ne date, au plus tôt, que du XIXe s., les contreforts extérieurs semblent avoir été construits pour contrebuter les trois travées d’une voûte.

L’édifice fut gravement endommagé durant les guerres religieuses du XVIe siècle, qui entraînèrent la ruine de l’abside principale, remplacée, au XVIIe siècle, par un mur rectiligne, percé d’une haute fenêtre en plein cintre ; ce chevet servit de base à un nouveau clocher à deux étages de baies

 

Les grands travaux

Cette église a fait l’objet à partir de 1936, d’une restauration assez drastique, même si elle se voulut « respectueuse », à l’initiative du curé Julien Lamandé (†1959), sur un projet de l’architecte Georges Naud.

Le financement des travaux    

       -Extrait du livre de Bernard Fichet « le XXème siècle à Saint Sulpice de Cognac » 2002

« En 1937 le conseil municipal est saisi d'une requête de l'abbé Lamandé pour une restauration de l'église. L’originalité de la démarche réside dans le fait que le locataire (le curé de la paroisse) incite le propriétaire (la mairie) a effectué des travaux de restauration de l'édifice. Cette pratique se concrétise au travers de la participation importante des paroissiens à l'aide de dons complétés par une participation financière de la commune. La campagne de récolte des dons dure plusieurs années.

 

La Seconde Guerre mondiale interrompt cette collecte. Les devis de travaux s'élèvent à une somme rondelette de 124 800 francs. La restauration s'effectue par tranche en fonction des revenus que l'abbé Lamandé peut transmettre au receveur municipal. Cette année-là le montant de l'intervention est de 28824 francs. La commune prévoit pour sa part une subvention établie sur deux exercices (4000 francs). 

Ainsi la transformation de l'église paroissiale est en cours. Les évènements mondiaux vont rapidement interrompre cet élan.

Les conflits terminés l'abbé Lamandé poursuit son entreprise. La quête de Don s'intensifie. La commune pour sa part participe par des subventions dont l'importance reste limitée du fait des budgets réduits et surtout des nombreuses charges qui incombent à la municipalité pour remettre en bon fonctionnement le pays après l'occupation et la guerre.

Le conseil municipal entérine un don anonyme de 310705 francs et l'inscrit en totalité sur la ligne budgétaire concernant les grosses réparations de l'église. Le don anonyme provient des paroissiens et la petite revue mensuelle catholique « l'écho des borderies » site les généreux donateurs. Le Conseil vote une allocation pour participer aux travaux sous sa responsabilité. Cette somme correspond à 60000 francs. Elle est inscrite au budget primitif de 1954. Le projet de rénovation de l'église devient de plus en plus concret. »

La façade fut en grande partie refaite ; le fronton qui la couronne, peut-être entièrement inventé, porte une croix antéfixe, d’inspiration très « archéologique » ; les murs gouttereaux furent surélevés et les maçonneries largement reprises. On peut s’interroger sur l’authenticité de certaines dispositions telles que la porte du mur ouest du croisillon nord, ou le contraste entre l’aspect de l’absidiole sud, pourvue d’une corniche à modillons, et celui de l’absidiole nord, largement reconstruite au XVIIe s., si l’on en juge par le dessin de sa fenêtre. Mais deux linteaux échancrés, au beau décor incisé, sont des témoins parfaitement authentiques, encore en place dans les vestiges des murs latéraux de l’abside centrale disparue.

 

Avec le temps, les bâtiments et les structures souffrent. Depuis quelques années le clocher présentait des désordres et les supports de la cloche un risque de rupture. La possibilité d'utiliser la cloche fut interdite afin d'éviter tout risque de chute. Le dossier de restauration fut pris en charge par la collectivité et les travaux se sont engagés assez rapidement en 2000 Pour le début du troisième millénaire « Marie-Louise » put enfin carillonner de nouveau.

 

Les vitraux

L ‘édifice possède un important programme de vitraux réalisés en 1959 par le maître-verrier Francis Chigot (1879-1960). Cet artiste, considéré comme l’un des rénovateurs de l’art du vitrail en France, était originaire de Limoges, où il exerça de 1907 jusqu’à sa mort. Amateur d’art, il connaissait parfaitement les mouvements artistiques de son époque et les intégra à son œuvre. Ainsi ses vitraux religieux, figuratifs au début de sa carrière, devinrent plus abstraits après 1945. Les créations de l’église de Saint-Sulpice-de-Cognac constituent l’une des dernières productions du maître-verrier qui décéda un an plus tard. Un seul vitrail figuratif orne la baie de la façade occidentale : il représente le saint patron de l’église. Les six verrières de la nef évoquent, par des symboles et quelques mots latins, des passages du Nouveau Testament (la multiplication des pains et des poissons, la descente de l’Esprit Saint, Credo etc.) Les vitraux du bras nord (bleus parsemés d’étoiles) sont dédiés à la Vierge Marie et ceux du bras sud (orangé parsemés d’étoiles) à saint Joseph. Le vitrail du chœur évoque la Crucifixion.

Sources : disponibles en Mairie