L'Eglise Saint Clément de Bonneville

L’église de Bonneville, rattachée au diocèse d’Angoulême, est placée sous le vocable de Saint-Clément.

Saint-Clément

Disciple de Saint-Paul, il fut évêque de Rome. Il aurait été exilé en Crimée où il aurait subi le martyre par noyade. Ses reliques furent ramenées à Rome au IXe siècle.

L’abbaye Saint-Cybard d’Angoulême possédait cette église dès le VIIIe siècle. Un prieuré bénédictin fut fondé alors ou peu après. Il disparut au XIVe siècle.

L’église reconstruite à l’époque romane, dans le deuxième quart du XIIe siècle, fut ruinée par les guerres de religion. L’édifice fit l’objet de peu de restaurations au cours du XIXe siècle. La paroisse de Bonneville fut supprimée en 1803 et annexée à celle de Gourville en 1805. En 1841, des réparations urgentes sont demandées sous peine que l’église s’effondre. Les travaux auraient été faits en 1848. En 1996, l’église fut inscrite sur la liste des Monuments Historiques. Des peintures murales furent découvertes en 2003, lors d’un sondage, et dégagées lors de la restauration de l’église entre 2007 et 2010.

À l’extérieur

La façade occidentale très haute comprend un mur plein construit en moyen appareil soutenu aux angles par deux contreforts doublés. La base de la façade est constituée de deux assises en grand appareil. Le mur est simplement percé par une baie en plein cintre, qui éclaire l’intérieur de l’édifice. Le portail est installé au sud. Au sommet s’élève le clocher-arcade percé de deux baies en plein cintre, dont l’une porte la cloche. La cloche du XVIIe siècle fut classée sur la liste des Monuments Historiques en 1944[1].

Le portail à triples voussures en arc brisé, sur jambages dentés, entourés d’un cordon de pointes diamant. Il fut construit lors de la transition entre l’art roman et l’art gothique (XIIe - XIIIe siècles). Le mur sud est contrebuté par cinq contreforts doublés et percé de trois baies très étroites.

Le chevet plat est épaulé par deux contreforts plats. Une fenêtre en plein cintre bouchée devait éclairer le chœur. A l’origine, cette église se terminait peut-être par une abside semi-circulaire.

À l’intérieur

L’église présente un plan simple : une nef unique étroite, avec deux travées. La nef était probablement voûtée d’un berceau sur doubleau en pierre comme le laisse supposer la présence de colonnes adossées aux murs gouttereaux. La voûte en pierre est aujourd’hui remplacée par une voûte en plein cintre en bois.

Parfois ces nefs étaient d’abord charpentées avant de recevoir une voûte en pierre après coup comme Rouillac. Actuellement une voûte en berceau en bois, refaite lors de la dernière restauration, recouvre l’église. La nef est éclairée par des baies à fort ébrasement.

Les chapiteaux des colonnes de la nef sont ornés de têtes ou de crochets. Une corniche à damier devait entourer la nef, seuls quelques éléments sont encore visibles.

Le chœur dont les angles ont été arrondis possède deux baies latérales à fort ébrasement. La baie est étant bouchée fut transformée en niche, cachée par un tableau.

 Les peintures murales[2]

En 2003, des sondages[3] ont fait apparaître, dans la nef, des éléments de décor du XIVe siècle, dégagés lors de la restauration de l’église entre 2007 et 2010. Certaines parties, trop effacées et impossibles à déchiffrer, ont été recouvertes d’un badigeon. Les peintures murales se concentrent dans le chœur (mur ouest et sud) et dans la deuxième travée de la nef (mur sud et mur nord).

La période gothique est bien représentée en Charente avec des peintures nombreuses pour le XIVe siècle. La dévotion de la vierge est forte et de nombreuses peintures lui sont dédiées comme à Saint-Amant de Boixe, Bonneville…

Dans le chœur, la suppression du doublage du mur oriental a fait apparaître, sur la partie supérieure gauche, une Vierge à l’enfant assise, de face. Cette scène lacunaire, semble inexpressive car les traits des visages n’existent plus. Une partie des silhouettes et des aplats de couleurs jaune, rouge et bleu a pu être conservée. Le tracé de la silhouette de l’enfant a dû être redessiné. Des fleurs de lys rythment le fond (symbole de pureté associé à la Vierge).

Une croix de consécration rouge sur fond jaune, est apposée sur le mur sud du chœur, à droite de la baie. Il s’agissait de croix peinte lors de la cérémonie de bénédiction par l’évêque de l’église. Les lacunes ont été restituées en trattegio.

Le dégagement et la restauration des peintures murales de l’église de Bonneville ont été menés par l’Atelier d’ornements (Hautefort, en Dordogne) sous la maîtrise d’œuvre de Grégoire Oudin, architecte D.P.L.G. Les travaux terminés en 2010, ont permis de dégager les décors. Un nettoyage complet et minutieux a précédé la consolidation du support et la restauration du décor. Les peintures ont été fixées avec une résine d’accroche diluée. Les restaurateurs ont procédé à des restitutions en ayant recours à la technique du trattegio afin de bien mettre en évidence tous les éléments d’origine.

Le mobilier

L’église possède un mobilier caractéristique du rite tridentin mis en place au XVIIe siècle à la suite du Concile de Trente : chaire, table de communion…

La chaire à prêcher

La chaire à prêcher datant du XVIIIe siècle est en fer forgé. Elle est unique en Charente.

Elle fut classée aux Monuments historiques au titre des objets en 1941.

 L’escalier de la chaire n’est pas d’origine. Il n’aurait pas été livré avec la chaire.

Le Vicomte de Massouges des Fontaines raconte[4] qu’au XIXe siècle la chaire était tendue d’andrinople (tissu rouge de garance), une colombe argentée symbolisant le Saint-Esprit était installée sous le dais de l’abat-voix.

L’atelier de création de cette chaire n’est pas connu. Le Vicomte de Massougnes des Fontaines hésite sans certitude entre un atelier angoumoisin (Lemaître) et des ateliers parisiens ou bordelais.  Cette chaire aurait pu être donnée par deux familles importantes de Bonneville soit la famille de Massougnes ou la famille Mesnard de Lamongerie. Seules des archives privées de ces familles pourraient nous renseigner.

La table de communion en fer forgé (grille basse en métal ouvragé au-devant de laquelle les fidèles s’agenouillaient pour communier) prend place dans le chœur.

Le tableau du XVIIe siècle installé sur le mur est du chœur à chevet plat représente le Couronnement de la Vierge. Il est restauré et classé aux Monuments historiques au titre des objets en 2003, compte tenue de sa qualité picturale. Courant pictural : le manièrisme. Ce tableau a peut-être été donné par la famille Mesnard-Lamongerie.

Les vitraux

La baie installée au revers de la façade occidentale est ornée d’un vitrail, datant du XXe siècle, réalisé par Frédéric Lagrange, le peintre verrier d’Angoulême. C’est un vitrail figuratif représentant saint Maxime avec une épée, sous les traits du fils de M. Coste, du logis de Font-Fleury de Bonneville, Maximin mort durant la guerre de 1870.

D’autres vitraux contemporains ornent les baies de la nef réalisés en 2011, sur le thème de l’eau, par le maître-verrier Anne Pinto de Tusson.

 

[1] La cloche fut fondue au XVIIe siècle. Une inscription sur la cloche indique le nom du fondeur « Baraud An 1670 » et le parrain de cette cloche « Perrin Messire de Barbezières, seigneur de Logerie »

[2] Extraits de l’ouvrage Peintures murales. 30 ans de restauration en Poitou-Charentes, Direction Régionale des Affaires Culturelles, 2014. p.17

[3] Peintures murales. 30 ans de restauration en Poitou-Charentes, Direction Régionale des Affaires Culturelles, 2014. p.17

[4] Bulletin SAHC, 1918