le donjon-clocher

Le donjon médiéval de Thoard présente toutes les caractéristiques des constructions romanes provençales et alpestres de l'extrême fin du XIIé siècle. Bien qu'arasé au niveau du deuxième étage pour être surmonté d'un clocher-donjon à l'époque classique (XVII siècle), il domine le bourg et s'impose dès l'abord par sa masse et son élévation, mais aussi par la nudité de ses murs et la qualité de sa construction.

Il se présente sous la forme d'une tour quadrangulaire massive conservée sur une hauteur de 17 m avec des murs très puissants de 1,80 m d'épaisseur. Le matériau utilisé pour la construction est un calcaire dur d'origine locale.

Le premier niveau est une haute salle voûtée en berceau légèrement brisée de 9 m de hauteur soigneusement appareillée, à laquelle on accédait par une porte longtemps obturée et à nouveau ouverte lors de la restauration de 2011, un escalier métallique y mène.

Le deuxième niveau a été arasé au XVIIe siècle à 3 m de hauteur .

Le clocher

C'est probablement au cours de la campagne de construction (courant XVII s) de l'église "Notre Dame de Bethléem" qui s'appuie contre l'angle nord-est de la tour, que le donjon fut couronné d'un clocher. Les Archives départementales disposent d'un acte notarié du 28 janvier 1646 qui décrit l'arasement du donjon et de son campanile, préalable à l'érection du nouveau clocher. Ce dernier de plan carré a été implanté légèrement en retrait sur la partie ouest du donjon. A l'est, il prend appui sur une voûte en plein cintre couvrant la partie non surélevée du donjon. Il surplombe la tour médiéval de 11 m et se développe sur deux étages comportant chacun 4 ouvertures cintrées, destinées à recevoir les cloches. Le tout est couronné par un toit pyramidal en ardoise.
La flèche du clocher a connu divers problèmes. Construite en maçonnerie entre 1640 et 1649, elle est démolie en 1790 puis remplacée en 1825 par la toiture pyramidale encore en place aujourd'hui.
La transformation de l'ancien donjon en clocher l'a probablement sauvé d'un processus de dégradation dont les causes pouvaient être multiples (destruction volontaire, ruine des parties exposées aux intempéries....) et en fait un ensemble quasiment unique.

Synthèse de l'étude réalisée par M Guy Barruol et publiée en 1993 dans le bulletin de la Société française d'archéologie et de celle de M Trubert, architecte en chef des monuments historiques, en 2008, faite à la demande de la commune, préalablement à la restauration et à la mise en valeur du donjon-clocher et des intérieurs de l'église.