LOUIS ZIMMERMANN

Louis ZIMMERMANN : une personnalité importante de Sickert !

 

Louis ZIMMERMANN est né à Sickert le 17 juillet 1905. Il entre comme apprenti claviste au « Journal de Masevaux et du Canton ». Plus tard, il obtient le noble titre de « Meilleur Ouvrier de France ». Le journal local est fermé par les Allemands durant la guerre. Louis ZIMMERMANN trouve alors du travail au « Mülhauser Tagblatt ».

Il est élu maire de Sickert le 20 mars 1971 et réélu le 27 mars 1977. Durant ses deux mandats, les sickertois agrandissent bénévolement la chapelle.

Louis ZIMMERMANN participe au financement des matériaux en payant le cachet du chanteur américain John LITTLETON (photo 1) qui donne plusieurs récitals au Cercle de Masevaux.

 

 

 

C’est aussi l’époque de l’agrandissement de la mairie et l’inauguration de la salle des séances (photo 2)

 

 

S’ajoutent deux belles coutumes (aujourd’hui abandonnées) : 

L’aubade de la chorale au maire le matin du 1er mai (photo 3)

 

La distribution de friandises le matin de Pâques (photo 4) par le premier magistrat

 

 

Extrait du Journal L’ALSACE du samedi 23 novembre 2024

« Le journal l’Alsace naît au milieu des combats »

Comment une petite poignée d’hommes décidés a-t-elle réussi à faire paraître 30 000 exemplaires d’un journal, trois jours à peine après l’entrée des alliés dans Mulhouse ? Récit de la naissance du journal l’Alsace il y quatre-vingts ans.

Difficile de prendre la mesure de l’exploit réalisé par une poignée de résistants mulhousiens en novembre 1944 pour –enfin- informer la population locale, notamment de l’avancée de la libération de la France. Exploit qui mérite pourtant d’être salué, d’être raconté.

Plongeons-nous dans l’ambiance de Mulhouse occupée. La ville est sous le joug nazi depuis 1940 et l’annexion de l’Alsace-Moselle. Une annexion de facto et non de jure, les allemands s’étant emparés de ce territoire malgré l’intangibilité des frontières de la France spécifiée dans les conditions de l’armistice du 22 juin 1940. Le vainqueur fait comme bon lui semble. Les nazis sont partout en ville : dans les casernes, bien sûr mais aussi dans les administrations, les services publics et ils ont des hommes à eux – hélas parfois alsaciens- à tous les postes importants dans la conduite d’une cité.

« Die grösste Zeitung im Oberelsass »

Donc, évidemment, dans le journal local, le Mülhauser Tagblatt, organe de propagande du régime hitlérien, « die grösste zeitung im Oberelsass » (le plus grand journal de Haute-Alsace) comme il l’affiche avec fierté, des Alsaciens y travaillent malgré eux, réquisitionnés pour servir la communication, comme on dirait aujourd’hui, des occupants nazis.

Parmi eux, quatre hommes, quatre résistants, complotent, alliant prudence et audace, malice et pragmatisme. Dès début 1944, sentant venir l’offensive alliée, Raoul Hillmeyer, Louis Zimmermann, Jean-Frédéric Durm et René Koenig s’étaient mis en tête d’éditer, dès la libération de Mulhouse, un nouveau journal, bien français celui-là, pour accompagner le travail des armées et sortir de l’intoxication allemande – ce qu’on appellerait aujourd’hui les « fake news ». Mais pour faire un journal, il faut du matériel, du papier, de l’encre, un réseau de diffusion, bref, rien de vraiment disponible en pleine période de guerre.

Quoique… Le Mülhauser Tagblatt, même s’il l’utilise à mauvais escient, dispose de tout ce qu’il faut.

Mais comment en détourner l’usage quand l’ennemi est dans les murs ? Les quatre complices ont été aidés par le destin, mais lui ont aussi un peu forcé la main. Ainsi en est-il de Louis Zimmermann, typographe et linotypiste, qui conseille dès les premiers mois de 1944 à la direction allemande du quotidien de propagande de protéger par des doubles murs le principal outil de production, la rotative, une Marinoni 1930 capable de débiter 25 000 numéros à l’heure. Juste au cas où un bombardement aérien allié risquerait de l’endommager. Les sbires de Hitler trouvent l’idée bonne et la mettent en œuvre.

Un bombardement propice

Un coup de dés, mais un coup de maître pour l’ouvrier du livre résistant. En effet, au mois d’août 1944, un bombardement allié détruit l’immeuble abritant le Mülhauser Tagblatt. Les dirigeants de celui-ci pensent que rien n’est récupérable et vont imprimer ailleurs leur quotidien, en l’occurrence à l’imprimerie Union.

Les quatre complices voient tout de suite le bénéfice qu’ils peuvent tirer du bombardement allié : le bâtiment est détruit mais la rotative n’est pas forcément complètement hors service, même sous les gravats.

Dans le plus grand secret, la rotative est alors dégagée des décombres et réparée. Cinq linotypes –ces machines de composition au plomb qui permettaient d’obtenir des lignes de textes à imprimer- sont récupérées et mises à l’abri dans une ancienne salle de spectacle de la place Franklin, Le Royal.

Le 17 novembre, tout est en ordre de marche. Les outils fonctionnent, le stock de papier permet un mois de parution. Le titre, tout simple, du futur journal est choisi par Louis Zimmermann et a déjà été créé par le graveur Guerouard, qui a d’ailleurs –belle ironie- envoyé la facture au Mülhauser Tagblatt…

Une société française dans une ville allemande

Les résistants dotent même l’entreprise de statuts :  ils créent « la Société française d’édition de journaux et d’imprimés commerciaux ». Une société qui se revendique de la France alors que l’Alsace est toujours occupée par les Allemands… Les tâches sont réparties entre les quatre mousquetaires de la presse libre, qui ont recruté 35 ouvriers du livre mis dans la confidence.

Raoul Hillmeyer sera directeur commercial, Louis Zimmermann, directeur technique, René Koenig, directeur adjoint et Frédéric Durm chef de la publicité. Deux journalistes sont dans la boucle : Gaston Moeglin et Charles Hoermann, qui formeront la première cellule rédactionnelle du journal. Enfin, un financeur les rejoint en la personne du boucher haut-rhinois René Waechter, chef des Forces Françaises de l’intérieur (FFI) à Mulhouse, qui deviendra l’actionnaire majoritaire du nouveau journal.

Les premiers éléments des libérateurs de la 1ère DB entrent dans Mulhouse par Riedisheim le lundi 20 novembre. Le lendemain, alors que les combats font rage en ville, le journaliste Gaston Moeglin se retrouve chez Raoul Hillmeyer pour envisager la première parution. « Nous pensions que l’information était une nécessité absolue et qu’il fallait réunir au plus tôt le personnel disponible. Ce qui n’était pas facile : beaucoup de personnes étaient encore dans les caves ou dans des quartiers sous le feu. La décision de paraître le vendredi 24 novembre fut prise », racontait le journaliste quelques années plus tard.

Le personnel campait sur les lieux

Reste une formalité : obtenir l’autorisation de parution du comité de libération. Ce qui se fait sans trop de difficulté : le vice-président de cet organisme est René Waechter, qui fait désormais partie de l’aventure éditoriale.

Malgré les combats qui continuent dans les rues de Mulhouse, malgré les balles et les mortiers, les bonnes volontés nécessaires sont au rendez-vous. « Le personnel campait littéralement sur les lieux. Rentrer la nuit, par les rues retentissant de l’éclatement des obus était une gageure. On dormait sur des paillasses entre les machines et on attendait l’aube pour rentrer chez soi, pour se laver et se restaurer », relatait Gaston Moeglin.

Dans la nuit du 23 novembre, la rotative rescapée des bombardements est mise en marche.

Objectif : imprimer 30 000 exemplaires d’une simple feuille recto-verso, affichant en une le portrait du général de Gaulle –pris d’ailleurs dans les collections du Mülhauser Tagblatt- et le gros titre triomphant : « Mulhouse est redevenu français ».

Les trajets de la place Franklin, où est réalisé le journal et l’ancien siège du Mülhauser Tagblatt où se trouve la rotative, sont compliqués et dangereux. Mais, au matin du 24 novembre les porteurs et porteuses recrutés par Louis Zimmermann, peuvent diffuser les premiers exemplaires de L’Alsace, bientôt complétés par un deuxième tirage de 10 000 supplémentaires, dans Mulhouse toujours en guerre mais enfin libre.

D’abord à la criée dans les rues à peu près sécurisées du centre-ville, puis, au fur et à mesure que les alliés progressaient, dans les boîtes aux lettres, les premiers abonnés ayant signé leur contrat dès le 1er décembre 1944.

L’incroyable pari est réussi : au nez et à la barbe des occupants nazis, quelques résistants se sont dotés d’un outil pour libérer les esprits mulhousiens comme les soldats alliés ont libéré la ville : le journal L’Alsace.