L'Eglise Saint-Cybard

C’est par son église que la localité qui ne s’appelle pas encore Saint-Cybardeaux resurgit dans  l’Histoire, après la longue éclipse de l’antiquité tardive, au haut Moyen-âge.
Une charte de Charles II le Chauve, petit-fils de Charlemagne, mentionne en effet, en 852 :
« Juxta Roliacum super Noiram, Ecclesiam de Elz » (Près de Rouillac sur Nouère, l’église des Chênes-verts).
Un document encore plus ancien, de Charlemagne, en ferait même mention en 775 mais l’Abbé Jean Nanglard le considère comme une falsification.

On peut donc en faire remonter la fondation au IXe siècle, ce qui ne signifie pas que l’édifice conserve des traces de cette époque. Remaniée à de nombreuses reprises au cours des âges, il est difficile de dater toutes les parties du bâtiment. Au mieux, les assises basses du clocher semblent devoir quelque chose au Xe siècle. Jules Martin-Buchey y ajoute l’abside en berceau légèrement incliné vers le nord. Tout le reste a été remanié en toutes parties en cours des âges.

En 1902, Jean George, de la Société Archéologique et Historique de la Charente, effectue un relevé des murs et tente de discerner l’état primitif : on y distingue un bâtiment quadrangulaire à 4 travées prolongé d’un chœur surmonté d’une coupole, le tout formant le noyau primitif. En revanche, les murs du chevet plat ne s’y voient pas décerner ce brevet d’ancienneté. Cette construction légèrement désaxée serait un ajout du XVIIe siècle, contemporain du chemisage qui habille l’escalier du clocher. L’abbé Laclau, infatigable annotateur du registre de paroisse, repousse ces modifications à la fin du XVIe siècle, à la suite de déprédations qui auraient été commises par les protestants.

Au XVIe siècle aussi, l’église se voit adjoindre une nef latérale qui communique avec la nef originelle par 4 arcades formées par l’ouverture de l’ancien mur nord. L’escalier à vis lui-même serait du XVe siècle.

La façade

La partie romane et originelle de la façade est percée d’une porte à quatre voussures en plein cintre, accolée de deux arcades aveugles. La porte et les deux arcades sont surmontées d’un cordon à pointes de diamant. Profitons de l’occasion pour déplorer la piteuse restauration moderne, au ciment, des piédroits !

L’abbé Laclau date de 1732 la construction du bas-côté. La présence de la baie gothique à réseau en façade laisse envisager une histoire plus complexe pour cette partie du bâtiment. A moins d’envisager un pastiche ou un réemploi, on doit pouvoir retenir l’époque du XVIe siècle pour cette nef latérale et conserver le milieu du XVIIIe siècle pour la chapelle mariale qui se trouve à son extrémité orientale.  L’ensemble est chapeauté d’un toit à longs pans qui correspond donc lui-aussi à une réfection tardive.
A la fin du XVIIIe siècle, Le mur gouttereau nord était masqué par une vaste grange, bien visible sur le cadastre napoléonien et un temps envisagée par les administrateurs révolutionnaires comme fabrique de salpêtre.
L’église reste aujourd’hui très enclavée par les maisons proches. Cependant une ruelle permet de s’aventurer le long du mur sud et de découvrir les modillons romans qui soutiennent la corniche. Ces modillons représentent des traits moraux ou des péchés capitaux. La femme nue la tête en bas symbolise par exemple la luxure, un homme rongeant un os personnifie la gourmandise…
La nef comporte 5 travées portées côté sud par autant d’arcades en plein cintre. Côté nord 4 arcades montées sur piliers octogonaux la sépare du bas-côté. Devant le chœur, le faux carré est surmonté d’une petite coupole sur pendentifs, dont la courbe se continue sur les arcs adjacents à deux rouleaux et partant de colonnes adossées à des pilastres.