"GRAND'OUCHE"

L’avènement « Grand’Ouche »

Un insecte destructeur du vignoble

Nous sommes en octobre 1873 : l’académie des sciences de Paris déclare officiellement la Charente victime du « phylloxéra » : une vigne attaquée à Crouin, près de Cognac.

Cet insecte destructeur du vignoble dispose d’un énorme pouvoir de diffusion : « il peut avancer de 20 kilomètres par an. Sa double attaque, par les feuilles et les racines, détruit une parcelle en trois ans » (1).

Certes la progression est plus difficile dans des sols et sous-sols humides et argileux, comme ceux du  « Pays Bas  charentais » : Réparsac, Nercillac, Sainte-Sévère, Matha, …

Mais sournoisement, plus lentement, le « phylloxéra » y continue ses ravages.

Et puis, c’est un constat à Réparsac, « les vallées alluviales où l’insecte est moins actif, les gelées y sont plus redoutables » (1).

Jusque dans les années 1890, « l’impuissance est totale, la reconversion agricole tarde à s’imposer et des milliers de journaliers et de viticulteurs sont ruinés. Un puissant exode rural dépeuple les campagnes viticoles » (1).

Car les dégâts sont considérables : « Joanne, géographe, dans l’édition 1883 de sa géographie charentaise chiffre le désastre constaté en 1881 : on passe de 108 890 hectares de vignes à quelques 17 000 ».

Le lait dans la tourmente du phylloxera

M. Léonce VEZIEN

Des populations des départements voisins (Vendée, Deux-Sèvres,...) viennent reprendre des terres quasi abandonnées. Ces migrateurs ruraux sont familiers des productions fourragères, céréalières et surtout laitières.

« À partir de 1890, la reconversion agricole est en marche, le lait supplante le vin, les laiteries succèdent aux distilleries, et le beurre des Charentes va-t-il remplacer le cognac ? » (1)

Il est renommé ce beurre des Charentes et du Poitou :  de 690 tonnes  en 1890, il approche les 22 000 tonnes en 1932. Et représente 60 à 70% des approvisionnements des Halles de Paris.

Et puis les 58 coopératives laitières de Charente-Maritime additionnées à la douzaine de Charente, traitent annuellement près de 213 millions de litres de lait : plus de 80% de la production.

Dans ce contexte local et régional Monsieur Léonce Vézien, en 1933, créait la laiterie « Grand’Ouche » à Réparsac.

Gilles Bernard, dans son excellent livre sur « Le cognac à la conquête du monde » (déjà cité) remarque qu’« en cognaçais les laiteries s’installent à la périphérie de l’ancien noyau viticole : Archiac, Barbezieux, Blanzac et Réparsac. Elles collectent le lait des élevages de la Champagne ». 

 

Un riche passé d’industriel laitier

Né à la Crèche (Deux-Sèvres) le 22 janvier 1883, d’un père sabotier et d’une mère commerçante en chaussures, le jeune Léonce Vézien débute en 1904 comme contrôleur laitier dans son département à  Coulon.

On le retrouve directeur de la laiterie coopérative de Prahecq (près de Niort) en 1914, où « il sera le premier de la région à pasteuriser le lait » confirme Raymonde Vézien, sa belle-fille. C’est là aussi qu’il est « mobilisé sur place » durant la guerre.

Puis il créait en 1924, une laiterie à Arvert – Avallon (en Charente-Maritime) avant d’acquérir une propriété en friche dans le Médoc, à Smith Haut Lafitte (le phylloxéra est passé par là), où il organise, jusqu’en 1931, un élevage de porcs. Enfin, il revient près de Niort, à Sainte Pézenne, pour gérer une nouvelle laiterie.

C’est dire, son riche passé d’industriel laitier à 49 ans, avant de choisir Réparsac, ultime étape de sa carrière professionnelle.

Une entreprise créatrice d’emplois

Les femmes de Réparsac à la laiterie
Les femmes de Réparsac à la laiterie

 

Avec Azoline Nigot, sa femme, et son fils Pierre, né à Prahecq en 1918 , Léonce Vézien fonde une entreprise familiale créatrice d’emplois (150 en 1970) et bénéfique pour l’économie locale : « Une ère florissante  s’ouvre pour Réparsac.

Beaucoup de familles ont ainsi trouvé du travail sur place » écrit Geneviève Etournaud  dans « L’écho réparsacais » de 1948 .

Ajoutons les avantages  fiscaux, facilitant les investissements  communaux, soulignés par  le Maire, Gérard Paurion, lors de ses vœux à la population en 1987 : « La présence de l’entreprise « Grand’Ouche » sur notre territoire  apporte à elle seule  la moitié de la recette  fiscale. La taxe professionnelle payée par la laiterie en représente plus de 56 % ».

 

 

 

Chaque ferme a ses vaches

À cette époque, chaque ferme possède de 2 à 4 vaches. Quelques unes, plus spécialisées, ont un troupeau laitier.

Ainsi nos communes du « Pays Bas »  « Mérignac, Chassors, Sainte Sévère, Cherves,... détiennent des effectifs  de 200 à 290 vaches », Réparsac un peu moins.

Ils sont modestes les débuts de la laiterie : « L’installation de l’usine réparsacaise se réalise, pour partie, par récupération de matériels auprès des laiteries qui ferment. Le 25 janvier 1933 débute les tournées de ramassage de lait. Trois,  pour commencer, avec des voitures tirées par des chevaux. René Coulaud, producteur et livreur fut de ces premiers », note Geneviève Etournaud, une ancienne de la laiterie.

Elle souligne que « la première activité a été la vente du lait de consommation sur Cognac et Angoulême, à la suite d’un contrat passé avec la laiterie de Herpe. Très vite sont venues les fabrications de beurre, de caséine et d’un fromage blanc  « Le petit réparsacais » vendu, notamment, à Bordeaux ».

Puis s’ajoute un camembert « Grand’Ouche » et, plus tard, un fromage type « Hollande », un carré « Grand’Ouche » et un camembert « Le roi charentais » avec l’effigie de François 1er .

Sans oublier une porcherie, créée en 1934, permettant de valoriser le sérum, sous produit du beurre : jusqu’à 2 000 porcs seront engraissés à Réparsac et dans les laiteries acquises plus tard.

 

« Grand’Ouche » intègre une dizaine de laiteries

Les années cinquante sont décisives. Nous sortons d’une économie de guerre, donc de restriction. Le marché des produits alimentaires explose et la notoriété de ceux de l’entreprise réparsacaise est acquise. « Alors la laiterie « Grand’Ouche » est en pleine expansion. Elle acquière une dizaine de laiteries pour satisfaire ses clients »  explique Raymonde Vézien (née Texier) : « Saint Amand de Nouère, Charmé, Gourville, Combiers et Sainte Sévère en Charente, Germignac,Champagnac et Pons en Charente-Maritime, Villefagnan et Aigre en Nord Charente, pour le lait de chèvre »

Une trentaine de camions sillonne les territoires de toutes ces unités laitières, satellites de l’industriel réparsacais. Ce qui nécessite, en 1958, de nouveaux agrandissements et équipements à Réparsac : dont un quai de réception plus adapté à la taille de l’entreprise, là, où chaque jour, 32 laitiers viennent vider un litrage toujours croissant, jusqu’à  près de 100 000 litres de lait par jour en 1970.

La forte croissance de l’entreprise Vézien résulte, en partie, d’une stratégie axée  progressivement sur le développement des spécialités fromagères, de vaches comme de chèvres. Ce choix permet une meilleure valeur ajoutée au lait. Il sera aussi confirmé par une croissance spectaculaire de la consommation de fromage en France de 9,8 kilos par habitant et par an en 1960, elle atteindra 25 kilos en 2009.

Mais en mai 1959, à 76 ans, c’est le décès de Léonce Vézien. Comme le traduit si bien Geneviève Etournaud : « Monsieur Vézien est vaincu seulement par la maladie. Il est parti très simplement en « entendant tourner les machines ». C’est ce qu’il voulait ».

Pierre Vézien succède à son père avec le précieux concours de sa femme Raymonde, appuyé par Monsieur Guichet, contremaître à cette époque.

En 1970 : « Grand’Ouche » dans le groupe « Bongrain SA »

Une autre étape se prépare. Elle aboutira, une dizaine d’années plus tard, en 1970, à l’intégration de la « Grand’Ouche » dans le groupe « Bongrain SA ».

Les deux entreprises ont en commun une dominante fromagère : elle représente près de 70 % du chiffre d’affaires consolidé de « Bongrain SA » en 2009 :  plus de 40 marques de fromages.

Cette même année son directeur général, Pascal Breton, souligne que « le fromage, produit sain et convivial, a bien résisté à la crise ».

Il faut remonter à 1959 pour découvrir que « Bongrain SA » renforce ses capacités de production et la maîtrise de ses approvisionnements en lait par l’acquisition de sociétés fromagères françaises et étrangères.

À commencer par l’usine de Marsac, en Dordogne, devenue le siège administratif et commercial de  « Fromarsac » (350 salariés). Il rassemble deux autres usines : celle de Vihiers (80 salariés) en Maine et Loire, et Réparsac (150 salariés et 20 à 30 intérimaires).

C’est que le « Chavroux » est une exclusivité de l’usine « Grand’Ouche ». On y produit aussi du « Tartare », lancé par « Bongrain » en 1968, neuf ans après la création du « caprice des dieux ».

En 1975 : « Bongrain » SA » s’implante à l’étranger.

À partir de 1975, le groupe s’implante industriellement à l’étranger : au Brésil (1975), aux  États-Unis (1976), en Espagne (1978), en Australie comme en Europe centrale et orientale avec une vingtaine d’acquisitions, au Maroc (1998). Et place des têtes de ponts sur les grands marchés de demain en Inde et en Chine (1999).

C’est dire le réseau mondial dans lequel la « Grand’Ouche » du fondateur  Léonce Vézien a inscrit le maillon réparsacais.

                                                          

 

Le Groupe « Bongrain SA » en 2010

17. 700 salariés dans 30 pays

Plus de 3 milliards de litres de lait transformés.

Des produits vendus dans 118 pays

Un chiffre d’affaires de 3,28 milliards d’Euros (en 2009)

  • 1- Par Gilles Bernard : « Le cognac à la conquête du monde » - Presses Universitaires de Bordeaux 2011

FROMAGERIE DU GRAND’OUCHE : Les bâtiments de la laiterie-fromagerie de Réparsac sont à leurs débuts composés d’ateliers de fabrications en béton, couverts de tuile mécanique, d’un ancien logement de fonction transformé en bureaux à un étage carré, en moellon enduit à toit à longs pans avec croupe, et couvert de tuile creuse, d’un atelier de réparation en béton avec une terrasse, d’un logement patronal en pierre de taille, avec façade à deux niveaux à travées et ordonnancée, toit à longs pans et croupe, couvert d'ardoise, ainsi que d’une importante porcherie, construite en 1934, et pouvant contenir jusqu’à 2000 porcs,  Le matériel de l’usine est en partie de la récupération de machines dans des laiteries qui ferment. Les débuts sont modestes. Selon l’Echos Réparsaçais (décembre 2012), les tournées de ramassage du lait vont débuter le 25 janvier 1933. Trois pour commencer, avec des voitures tirées par des chevaux. L’activité première de cette laiterie sera au démarrage, la vente de lait de consommation sur Angoulême ainsi que Cognac, suite à un accord passé avec la laiterie de Herpe. Si la population de Réparsac est stable, c’est grâce à sa laiterie et aux emplois qu’elle propose aux habitants de la commune. A titre d’exemple, Grand’Ouche employait 150 personnes en 1970, pour une population de 675 personnes.

FABRICATIONS & MARQUES : Lait de consommation comme mentionné plus haut, lait en poudre, mais aussi du beurre, de la caséine, un fromage blanc, commercialisé sous le nom de « Le Petit Réparsacais » et vendu principalement à Bordeaux, un fromage de type Hollande, de carrés de l’Ouest commercialisés sous différents noms, sans oublier la fabrication de camemberts et les marques « Grand’Ouche » & « Le Roi Charentais », étiquette représentant François 1er, le fameux « Chavroux » produit exclusivement à Réparsac.

Serge Schéhadé [Camembert-Museum, Première Publication le 27 juillet 2016]

« Grand'Ouche. » racontée par « Les enfants du Tourtrat »

 

Entre jeux de cartes, marche à pieds, sorties... le club des anciens de Réparsac, « Les enfants du Tourtrat », se racontent l'histoire de leur village. Naturellement, l'importance et l'influence de la « Grand'Ouche » n'échappe pas aux souvenirs de la génération des octogénaires.

  • Trois générations.

Chez Gisèle Julien (née Pradoux) trois générations successives vivent l'histoire de la laiterie « Vézien » : sa maman travaillait déjà aux cuisines, son frère y fut mécanicien, ses quatre sœurs à la laiterie. Elle même, sitôt son certificat d'étude primaire (CEP), à quatorze ans, se familiarise avec les tâches de conditionnement manuel des fromages : envelopper, mettre en boîte, étiqueter...

Et ses enfants, Thierry et Véronique, prolongent cette « tradition familiale », collaborant à la fabrication du « Tartare » et du « Chavroux ».

Quarante quatre ans durant, de 1949 à 1993, (l'avènement de ses deux enfants provoquant quelques coupures), Gisèle vit la croissance et les mutations de la maison « Vézien, devenue « Bongrain ».
Elle termine sa carrière professionnelle à la préparation des commandes, comme responsable d'une équipe de quatre.

  • C'était plus gratifiant...!
Retraités de la laiterie : (de gauche à droite)
André Mandon, Gisèle Pineau, Raymonde Vézien,
Raymonde Robin, Mireille Bassan, Solange Desvergnes,
Geneviève Etourneaud.

« C'est madame Proust, notre institutrice, qui m'a fait embaucher à la laiterie à la demande de monsieur Vézien qui nous recrutait à la sortie de l'école » témoigne Raymonde Robin (née Broussin).

Après son CEP, décroché à 13 ans, elle travaille une année comme ouvrière agricole avant de rejoindre la laiterie. « C'était, dit-elle, plus gratifiant, comme une promotion, de passer du statut d'ouvrière agricole à celui d'ouvrière d'usine. Nous étions une équipe de jeunes, solidaires. Nous chantions même en travaillant ». Ses collègues confirment.

Raymonde poursuit : « J'ai fait un peu de tout, à commencer par l'emballage du fromage frais « le réparsacais », puis la fabrication des fromages de chèvre : du pur manuel – du dosage de l'acidité à la salaison - …, et ce n'était pas sans risque quant au résultat final ».

Pour des raisons de santé, elle termine sa carrière au restaurant d'entreprise : une vingtaine de repas chaque midi.

Au total quarante et un ans de maison (de 1946 à 1987) : « La Grand'Ouche, cela a été notre vie » constate Raymonde, et sans regret.

D'autant qu'elle y a connu son mari, Pierrot Robin. Ils se marient en 1951, un an après l'embauche de Pierre à l'usine.

Et puis, avec une certaine satisfaction, elle note qu' « avec l'avènement « Bongrain » les salaires ont augmenté ».

  • Le règne de l'informatique

Elle a 20 ans, en 1957, lorsque Gisèle Pineau (née Cotinaud) embauche au service administratif de la laiterie, où elle restera jusqu'en 1994.

La gestion manuelle des livrets individuels de chaque producteur de lait, et ils sont nombreux, permet de comptabiliser les litrages collectés au quotidien et leurs récapitulatifs mensuels : paie du lait oblige.

Au début le bureau est à proximité du quai de réception des ramasseurs laitiers. Elles sont trois : Yvette Roy, la plus ancienne, Geneviève Etourneaud à temps partiel et Gisèle Pineau.

A la naissance de son fils Pascal, Gisèle prend un « congé parental » de quelques années, jusqu'en 1971. Entre temps le groupe « Bongrain » succède à la maison « Vézien » : « l'informatique remplace les méthodes manuelles auxquelles nous étions habituées » constate Gisèle. Elle en conclut que « n'ayant ni formation, ni diplôme elle ne peut plus prétendre et accéder à ces postes modernisés ».

« C'est Yvette Roy, l'ancienne de la maison, qui m'a fait réembaucher » dit-elle et, comme beaucoup d'autres à cette époque « nous avons bénéficié de formation au siège de Marsac; et même à « Bongrain » à Paris » pour apprendre les nouvelles procédures de paie du personnel.

Le nombre d'employées double alors au secrétariat, passant de 3 à 6 personnes : « à la gestion des salariés permanents s'ajoutaient les dossiers des intérimaires en relation avec les sociétés spécialisées à cet effet, comme « éco » et bis » souligne Gisèle.

  • 14 400 « carré de l'Ouest »...

« J'ai fait du dépannage de 1949 à 1959 » déclare avec humour Geneviève Etourneaud « j'assurais la frappe du courrier les aprés-midi, au secrétariat ».

Et puis, « une fois par semaine, les grossistes nous attendaient à 5 heures du matin au marché des Capucins à Bordeaux ».

Accompagnant James, son mari chauffeur de la laiterie, elle se rappelle avec précision des 14 400 « carrés de l'Ouest » qu'il fallait décharger, vendre; et faire payer les factures avant de rejoindre l'entreprise réparsacaise.

  • Entraide entre ateliers
Elles travaillaient à « Grand'Ouche » (1951) :
De gauche à droite en haut : Madeleine Beau, Gisèle Julien,
Christiane Boulet, Christiane Georget, Pierrette Ballet, Paulette Chauveteau,
Ginette Gorrichon, Fabienne Seigneuret, Monique Dubois, Jacqueline Béguin.

En bas : Micheline Lavandos, Moïsette Quentin,
Jeanine Raymond, Marie-Rose Pradoux.

 

Comme de nombreux couples, Renée et André Mandon font partie des anciens de la laiterie. Ce dernier sitôt libéré de ses obligations militaires, en 1956-57, est embauché à la fabrication des camemberts. « Mais en fonction des besoins, dit-il, nous changions de postes ». Il travaillera 13 ans à la « Grand'Ouche ».

Mariés en 1959, Renée, dès l'année suivante conduit une machine à emballer les fromages dans l'entreprise « Vézien ». Elle y restera jusqu'en 2 000, l'année de sa retraite.

Plusieurs se rappellent : « Lorsqu'il y avait trop de travail au conditionnement des fromages, les gens des bureaux descendaient nous aider. Madame Vézien elle-même, nous donnait un coup de main. En quelque sorte, nous étions multi-fonctions : fabrication du beurre, emballage, chargement des camions de livraisons... ».

Car, faut-il le rappeler, Raymonde Vézien était une cheville ouvrière dans l'entreprise. Pus tard elle assurera même deux ans d'intérim à la tête de la « Grand'Ouche »... entre l'acquisition par « Bongrain » et la nomination d'un directeur de la nouvelle société.

  • Une ambiance familiale

Elles sont unanimes, ces anciennes de la laiterie : certes les tâches étaient dures et exigeantes; on travaillait le lait quand il arrivait, dimanche matin compris; on assurait 44 heures par semaine et parfois plus... Mais toutes disent avoir apprécié « l'ambiance familiale » :

« S'il fallait servir de grosses commandes le soir, après l'heure de débauche, Léonce Vézien arrivait avec un panier garni de pain, de pâtés, grillon... pour une solide collation », témoignent celles qui partageaient cette convivialité.

Une jeune mère, nourrissant son bébé au sein, appréciait la garde de son fils par madame Madelon dans son café-restaurant « Aux heures prévues, dit-elle, je quittais l'usine pour le nourrir. Ces pauses allaient de soi !! »

En place des garderies actuelles s'imposait une solidarité de voisinage.

De même Yvette Roy, dont le mari travaillait également à « Grand'Ouche », surveillait son fils Michel, à proximité du bureau.

« Et puis chacun appréciait l'hiver, le bol de soupe de légumes venu nous réchauffer au milieu de la matinée » raconte Gisèle Julien. Elle conclut : « J'allais embaucher heureuse ».

D'autres anciennes de Réparsac ne connaîtront pas l'époque Vézien. Telles Mireille Bassan qui fit sa carrière professionnelle à « Grand'Ouche » dès l'âge de 15 ans (de 1964 à 2007) et Solange Desvergnes de 1972 à 1986.

  • La « Grand'Ouche » en fête
Léonce Vézien fête la naissance de son petit fils André (Mars 1958)

 

Léonce Vézien tenait à fêter certains évènements marquants telle la commémoration du 20ème anniversaire de l'entreprise en mars 1953 : au programme une pièce de théâtre montée par l'institutrice, madame Proust, avec le concours des jeunes de l'école de Réparsac. Salle comble au sein même de la laiterie. Le village est présent...

De même en mars 1958, pour la naissance de son petit-fils, André Vézien, « Grand'Ouche » et son environnement sont conviés à un banquet dans la récente salle des fêtes de la commune. Plus de 250 couverts rassemblent les salariés et leurs conjoints, les ramasseurs laitiers; tous les corps de métiers servant la laiterie...

« Grand'Ouche » s'inscrit dans la vie communale.

 

  • Du travail et des logements

Nous sommes à une époque où bon nombre d'entreprises assurent le logement de tout ou partie de leurs salariés.

Une bonne quinzaine de maisons sur Réparsac et Nercillac sont acquises, ou construites par « Grand'Ouche », pour loger les employés de la laiterie.

D'autres comme Renée et André Mandon ont bénéficié de prêts, au taux maximum de 1%, pour aménager leur logement, en l'occurence monter leur chauffage central.

C'est dire les fonctions de développement social et professionnel assurées par ces fondateurs d'industries locales.

Dans un autre contexte, un autre monde pourrait-on dire, « Grand'Ouche » demeure un « pôle employeur » bénéficiant à la population du « Pays Bas » charentais.