L'ÉGLISE SAINT PIERRE
Réparsac : une paroisse annexée à Nercillac
L’église paroissiale de Réparsac, sans doute le plus ancien édifice de notre commune, nous raconte des siècles d'histoire.
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550 LIVRES DE REVENU ANNUEL
" Aujourd'hui, 16 juin 1692, a comparu en sa personne messire François Debault, prestre, curé de la paroisse de Réparsac, au présent diocèse de Saintes, y demeurant, lequel pour satisfaire"....à l'établissement d'un état de la cure de Réparsac, dressé chez Maître Gasquet, notaire à Saintes.
Le dit sieur Debault déclare " tenir, posséder et jouir de la maison presbytérale de la paroisse (actuelle maison Lutiaud) ". S'y ajoute de nombreuses parcelles de terre et pré , tel « le pré de la cure », le « bois nouveau », le « champ Quentin », le « champ du Pont... ». Autant de biens qui produisent un revenu annuel, en nature et en argent, de l'ordre de 550 livres(2000 en 1789). Alors qu'à la fin des années 1600, des estimations fixent le revenu des curés de l' Angoumois à 300 livres. A titre comparatif un vigneron vend en 1695 une barrique de vin ( 208 litres) 6à7 livres, et une barrique de jeune eau de vie (201 litres) 33 à 34 livres. En outre, François Debault affirme être « décimateur », c'est à dire assure le prélèvement de la dîme (impôts) sur sa paroisse: fraction de la récolte prélevée par l’église.
De nos jours nous sommes, heureusement, très éloignés de cette ancienne pratique: les prêtres vivent des dons accordés librement par les paroissiens: le denier du culte. Un prêtre de notre époque perçoit ainsi 700 à 800 euros par mois. Durant prés d’un siècle et demi (1650-1794) cinq prêtres seulement se succèdent à la cure de Réparsac, (voir encart plus bas ) contre une dizaine à Ste Sévère.
Certains attribuent cette permanence au revenu confortable, plus qu'ailleurs, dont bénéficient les ecclésiastiques à Réparsac.
Réparsac uni au prieuré de Montours
Les curés de Réparsac et de Fontaine-Chalandray (213 habitants) Canton d'Aulnay de Saintonge, sont unis au prieuré de Montours(commune de Nercillac), connu sous le vocable " Notre Dame des Sept Douleurs ".
Ce dernier, fondé au 11°siècle par les seigneurs de Cognac, devient pendant très longtemps un lieu de pèlerinage. Le prieuré est alors un domaine agricole, mis en valeur par les moines, subvenant ainsi à leurs besoins et vivant en autarcie. Il possède des terres à Réparsac ( les vignes devant l'ancien château de la Vennerie), également à Narcillac( comme on l' appelait avant le 18° siècle) et, à Chassors.
Avant la révolution française le prieur de Montours nomme pratiquement les curés de Réparsac. La formule officielle dit: « le prieur présente, l’évêque confère et institue ». Comme partout, le prieuré lève l’impôt(la dîme) dans les alentours, et surtout à Réparsac, paroisse voisine. Par ailleurs notre église bénéficie de l'appui de Montours
En 1742, le prieur Dezons, touché de voir l’église de Réparsac en mauvaise état, en fait restaurer le sanctuaire et construire une sacristie. Une inscription latine, placée au dessus de la crédence (désserte dans le chœur) en fait mention. A Montours figurent notamment plusieurs prieurs de la famille Chabot et Rohan-Chabot, comtes de Jarnac.
Le dernier, François Cauroy, succède en 1744 à Guy-Charles Cauroy.
En 1793, après avoir été élu premier Maire Républicain de Jarnac, il se "défroque", c'est à dire abandonne l’état ecclésiastique.
A la révolution Française, le prieuré et ses terres sont aliénés comme biens nationaux et cédés à un propriétaire privé pour 60 200 livres. Cet ancien prieuré laisse peu de trace aujourd'hui.
Montours, disparaît, Saint Pierre de Réparsac demeure
Construite au 12° et 13° siècles, l’église Saint Pierre de Réparsac a connu plusieurs restaurations: en 1720, 1742, 1854 (coût 1,475 frans), puis " assez convenablement remise en état" en 1893.De nombreux travaux, réalisés depuis, la maintienne en bonne santé, lui permettant de rassembler les habitants du village lors de certains cultes, mariages, baptêmes, enterrements.....
La nouvelle organisation paroissiale du doyenné de Jarnac rassemble les chrétiens de 34 communes, regroupées en 7 paroisses: Sigogne, Rouillac, Mérignac, Bassac, Saint Même, Jarnac et Nercillac (incluant Réparsac) soit une population totale de 23 466 habitants ( publication du journal officiel de janvier 2009).
"Au cours de l'ancien régime, ce même territoire est desservi par au moins une trentaine de prêtres. En 1992, ils passent à quatorze, huit en 2002 pour atteindre aujourd'hui le chiffre minimal de deux curés de paroisse".( "Ensemble" janvier2012 ).
Dans ce même numéro, le frère Laurent Maurin, prêtre à Jarnac, constate un phénomène nouveau quant à l'importance de son développement à savoir: "La mission de service paroissiale est vraiment partagée avec les laïcs chrétiens de bonne volonté, et ils sont nombreux". Les regroupements paroissiaux précédent les regroupements communaux. Force est de constater que l'histoire des religions s'inscrit ainsi depuis plusieurs décades dans l' histoire des peuples. Ainsi les chrétiens du pays de Jarnac, protestants et catholiques bénéficient d'un programme de formation commune.
Séparation entre l’église et l’état
Dés 1882, l'abbé cousin,historien et curé de Merpins, dénonçant la conduite de certains abbayes de notre région écrit : "quant on voit tant de luxe et d’éclat dépensé pour une seule communauté, le cœur se serre en pensant à la pauvreté de tant d’églises de campagne, manquant presque du nécessaire......Le grand monde et le beau monde, attiré par la pompe des monuments et des cérémonies, déserte dés lors les églises paroissiales. De même qu'en Espagne, au Portugal et en Italie de notre temps, et rompait cette belle harmonie de la fraternité chrétienne". Peu après la nécessaire séparation entre l’église et l’état, le 25 septembre 1910, un arrêté municipal de la mairie de Réparsac déclare :" Il est expressément défendu de sortir en procession, ni de faire aucune manifestation religieuse sur la voie publique". (signé l' adjoint Barit). Une période difficile s'ensuit, elle va diviser les français. Mais au terme d'une maturation, la sagesse reprend ses droits.Elle fait dire à Christian Mallon ( jésuite) : "La laïcité vécue sous différentes formes en occident est peut être, au fond, la grande chance des religions, permettant la paix des peuples".
Paroisse St Pierre de Réparsac Unie au prieuré de Montours (Nercillac) Curés titulaires connus : - Paul Moreau : de 1650 à1664 - Jacques Debault : de 1664 à 1678, natif de Villeneuve ( Chassors) Décède à 65 ans en décembre 1680. - François Debault : neveu de Jacques Debault, curé de 1678 jusqu'à son décès en mai 1707. François Delisle : du 17 mai 1707 au 15 juin 1755 (date de son décés) Il est aussi archiprêtre de Jarnac,. 48 années à Réparsac où il connaît prés de quatre générations. - Simon Jacques Cauroy:1755-1794, soit 39 années en fonction. Issu d'une grande famille bourgeoiseJarnacaise, il compte parmi ses proches parents des notaires, juges, sénéchaux, ainsi que le prieur de Montour, l'abbé François Cauroy qui deviendra le premier maire républicain de Jarnac. Après Cauroy, Réparsac n'aura plus de curé titulaire. Le presbytére "bien pourvu" étant aliéné au domaine public le 12 thermidor, an IV(30 juillet 1796) est vendu au prix de 5 000 livres à Jacques Philippe Cauroy agriculteur à Jarnac. La paroisse est supprimée en 1803 et annexée à Nercillac le 26 decembre 1804. La majeur partie de ces informations sont issues du III°volume du Pouillé historique du diocèse d'Angoulême par J,NANGLARD -1900 |
Sources : Histoire de Cognac, Jarnac, Segonzac par l'abbé Cousin curé de Merpins-membre des Sociétés historiques d'Aunis et Saintonge. (1882).
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L’Angoumois occidental- Chronique, faits historiques et traditions- Éditions culture et civilisation,Bruxelles par Lacrois.(1979)
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"Recherches" Par Marie Claire Tournerie : Mairie de Nercillac
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L’écho Réparsacais "1991"