AVÈNEMENT D'UNE ÉCOLE À RÉPARSAC
Avènement d'une école à Réparsac
● « La commune ne possède point de maison d'école »
Nous sommes le 21 juillet 1861, lors d'une séance extraordinaire du Conseil Municipal de Réparsac. Ce dernier doit se prononcer pour un investissement républicain : une maison d'école.
Les ressources de la commune sont insuffisantes pour une dépense totale estimée à 17 824,80 francs. Alors il faudra bien, durant une douzaine d'années, voir plus, faire appel à l'impôt auprès des foyers réparsacais pour rembourser l'emprunt contracté par la commune.
C'est pourquoi le conseil de ce jour est « assisté des plus hauts imposés de la localité, convoqués en nombre égal des conseillers municipaux ». Une forme d'engagement solidaire prévu par la loi de 1837.
François Blois, le Maire de l'époque, explique : « La commune ne possède point de maison d'école. Le local provisoire dont elle jouit actuellement ne répond nullement aux besoins pour lesquels il est affecté. Il est de toute nécessité de faire opérer une construction neuve pour les besoins de l'instruction primaire ». Il précise : « pour cela un terrain (9 ares, 78 centiares) a été acquis du sieur Dagué par la commune, au bourg, pour la somme de 1 800 francs ».
● Une école avec salle de mairie
Considérant les sacrifices que la commune s'impose pour cette construction, elle demande a l'Etat de lui venir en aide. Ce qu'elle obtient, en août 1862, par une subvention de 3 000 francs de la part du Ministère de l'Instruction Publique et des cultes. A condition toutefois que « sur le montant alloué, 60 francs soient affectés à une armoire bibliothèque (c'est dire la place reconnue à la lecture) et que le plan agrée par le Ministre soit rigoureusement effectué ».
Une seconde subvention de 1 200 francs est accordée, la même année, par la Préfecture du département sous condition qu'une salle de la mairie soit associée au bâtiment scolaire.
La construction se déroule en deux temps : d'une part le grand bâtiment central avec la mairie, réceptionné en 1865 et, d'autre part deux salles de classe, comme deux ailes, de part et d'autre du premier édifice, débutées en 1893 et terminées en 1895, cour fermée avec portail à piles.
● Quand l'institutrice se marie avec le Maire
Réparsac n'a pas attendu ces années-là pour faire bénéficier ses enfants des bienfaits de l'école primaire. Une maison privée, celle de Monsieur Barit devenu Maire, succédant à François Blois en 1871, tient lieu d'école avant la construction que nous venons d'évoquer.
Rappelons que le 24 janvier 1884, Mademoiselle Marie Estelle Picotin est nommée à titre définitif institutrice de la commune. Celle là même qui épouse par la suite le dit sieur Alphonse Barit. Ceci explique « peut-être » pourquoi cette maison Barit, accolée au chevet de l'église paroissiale sert provisoirement de local pour l'instruction des jeunes réparsacais...
Quant à l'ancienne mairie, donnant sur l'actuelle rue du centre, au numéro 8, elle est domiciliée dans l'une des habitations ayant appartenu à François Blois, Maire de Réparsac et l'ancêtre par filiation d'Adrien, Joseph, Yves Blois et leur plus récente descendance.
● Une scolarité primaire obligatoire
Dès l'année suivant l'achèvement du « complexe scolaire » du village, le 31 mai 1896, le conseil décide la constitution d'une commission municipale scolaire obligée par la loi du 28 mars 1882. Sont élus dans cette commission Messieurs Vincent Marc, Manier Achille et Larue Félix. Le Maire préside cette instance à laquelle participent entre autre : un délégué du canton de Jarnac désigné par l'Inspecteur d'académie et l'inspecteur primaire. Instituée dans chaque commune elle surveille et encourage la fréquentation des écoles.
Car cette loi rend l'instruction primaire obligatoire pour les enfants des deux sexes âgés de 6 ans à 13 ans révolus.
Dans son article 6, cette législation « institue un certificat d'études primaires. Il est décerné après un examen public auquel pourront se présenter les enfants dès l'âge de onze ans ». De fait, la plupart des jeunes le passeront entre douze et treize ans.
– L'historien Augé-Laribé (la politique agricole de la France de 1880 à 1940 – page 119) insiste sur la double hostilité que soulevait à cette époque l'école des enfants « aux premiers temps de la 3ème République : celle des conservateurs de privilèges sociaux et des conservateurs de certaines traditions religieuses. Leurs craintes les portaient aux fureurs extrêmes. Les nobliaux et bourgeois de campagne allaient jusqu'à dire que les paysans n'ont pas besoin d'instruction
scolaire, que les bras et la routine suffisent pour leur métier »
– Pour d'autres raisons, celles des coups de mains appréciés sur l'exploitation familiale, des cultivateurs étaient tentés d'y retenir leurs enfants au dépend de leur scolarité.
– A contrario, et avec raison, René Rémond (professeur à Sciences Po. Paris) soutient dans un ouvrage sur le XIXème siècle que « l'instruction et l'information
sont les deux conditions indispensables à un fonctionnement régulier de la Démocratie »
LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE PROMULGUE LA LOI de 1882 dont l'article 1er précise le contenu de l'enseignement primaire. L'instruction morale et civique ; La lecture et l'écriture ; La langue et les éléments de la littérature française ; La géographie et l'histoire, particulièrement celle de la France ; Quelques notions usuelles de droit et d'économie politique ; Les éléments des sciences naturelles physiques et mathématiques ; leurs applications à l'agriculture, à l'hygiène, aux arts industriels, travaux manuels et usage des outils des principaux métiers ; Les éléments du dessin, du modelage et de la musique ; La gymnastique ; Pour les garçons, les exercices militaires ; Pour les filles, les travaux d'aiguille... |
● Un mariage de raison
Le 22 novembre 1978, alors qu'un siècle nous sépare de la fondation de l'école réparsacaise, les archives municipales nous apprennent la création d'un « Syndicat intercommunal scolaire - Réparsac-Houlette ».
La cause en est simple et relève de la nécessité : il s'agit d'un mariage de raison permettant à nos deux écoles communales de subsister grâce à un nombre suffisant d'élèves.
Selon les années, ce groupement totalise 80 à 100 enfants scolarisés. Mais la conséquence heureuse de ce « Regroupement Pédagogique Intercommunal » (RPI) permet une plus grande spécialisation des classes : la maternelle et le cours préparatoire à Houlette, les deux cours élémentaires et moyens à Réparsac. Certes il s'agit bien de deux écoles indépendantes, ayant chacune sa direction. Mais leur complémentarité au niveau de l'enseignement et de la pédagogie autorise une qualité au bénéfice des enfants.
Nous sommes loin de la classe unique, ou des deux classes uniques, celle des filles et celle des garçons : tous les âges dans une même salle.
Aujourd'hui quatre enseignants se partagent les différentes étapes de la jeunesse de nos communes. Et puis, ces dernières années une nouvelle cantine scolaire a été créée à Houlette, de même qu'une rénovation de la classe maternelle (dortoir-sanitaire). Et Réparsac projette un agrandissement des classes.
C'est souvent vérifié : ensemble on fait mieux que tout seul.
Avènement d'une école à Réparsac (suite)
« Au début du XIXème siècle en Europe, la quasi-totalité des paysans étaient encore analphabètes !... L'Allemagne fut le premier pays à s'orienter vers un enseignement gratuit et obligatoire, ce qui fut accompli dès 1815. La Hollande et la Suisse suivirent et, plus tardivement l'Angleterre, puis l'Italie en 1870...
En France les démocrates voulaient instruire le peuple. Jules Ferry fit adopter l'enseignement primaire gratuit, laïque et obligatoire de 6 à 13 ans en 1882 » (1)
(1) Professeur Louis Malassis, dans « L'Épopée inachevée des paysans du monde » page 192-193
● Révélation des archives municipales
Les livres des arrêtés municipaux de la commune de Réparsac révèlent, pour la première fois, un procès-verbal d'installation d'instituteur communal le 12 septembre 1878 :
« Nous, maire soussigné, après lecture de la lettre de Monsieur l'inspecteur d'académie en date du 9 septembre, et l'arrêté de Monsieur le préfet de la Charente, avons reconnu et installé comme instituteur public de cette commune, Monsieur Denisco Jean, qui a pris immédiatement possession du poste – Signé ; le maire Barit »
Le 26 octobre de la même année, un arrêté semblable nomme Mademoiselle Léocadie Cotreau, déjà institutrice provisoire, comme institutrice définitive à Réparsac.
Dès lors les enseignants, dans notre commune, vont se succéder jusqu'à nos jours. Souvent, mais pas toujours, la direction de l'école est doublée d'une (ou d'un) adjoint :
Direction de l'école | Adjoint(e) |
1878-1879 Mr Jean DENISCO | Mlle Léocadie COTREAU |
1879-1884 Mme GAUTHIER, née Coralie Février | Mlle Marie-Eustelle PICOTIN |
1884-1894 Mlle Marie-Eustelle PICOTIN (épouse Alphonse Barit, Maire) | |
1894-1899 Mr PIEDFROID | Mme Marie-Alexandrine PIEDFROID née Perrod |
1899-1922 Abel MARIAS | Mme Alice MARIAS, née Coiffard |
1922-1953 Mme Marcelle, Régine, Angèle PROUST née Lavauzelle | |
1953-1973 Mme Simone COUTIN | Mme Simone ROY Mme MARQUAIS Mme Monique PERSIGOUT |
1973-1993 Mme Monique VILLENAVE | Mlle MARTIN (1973-75) Marie-Thérèse LANDIER (1975-91) Patricia ROBERT (1979) Christian MEUNIER (1991-93) |
1993-2003 Mr Christian MEUNIER | Corinne PENAUD (1993-94) Christophe CHEVRIER (1994-97) Stéphane JOURDES (1997-99) Nicole JARDIN (1999-01) Karine PAGEOT (2001-03) |
2003-2004 Mme Nathalie BOISSINOT | Pauline FREMENTEAU |
2004-2005 Mlle Laurence... | Nathalie BOISSINOT |
2005-2007 Gaby JOUSSON | Nathalie BOISSINOT |
2007-2013 Emmanuelle JEAN | Lucile LABADIE |
● Madame Proust : une autre époque
Durant trente années (1922-1953), l'école communale ne connaît qu'une institutrice, Marcelle Proust. Seule, sans adjoint, pour toutes les divisions de 6 à 14 ans. Et ce, malgré les rappels de l'inspecteur d'académie voulant rétablir un poste supplémentaire d'instituteur à Réparsac.
Rien n'y fait, ni le courrier du 28 novembre 1932 de l'inspecteur, estimant la charge anormale de 50 élèves à Réparsac, à laquelle s'ajoute 10 élèves de nos villages fréquentant l'école de Sainte-Sévère ; ni le renouvellement de cette demande d'un poste double d'instituteur par courrier du 13 août 1933.
Madame Proust résiste. Son meilleur défenseur est peut-être « la première place du canton » obtenu par les résultats de ses élèves au certificat d'études primaires.
Cette institutrice est exigeante, mais chacun, lui reconnaît son haut niveau de conscience professionnelle : donnant des cours de rattrapage le soir...
Et puis, elle crée et dirige la troupe de théâtre de « l'amicale des jeunes de Réparsac » qui survit longtemps après son départ.
● Molière et Labiche sur des scènes improvisées
Des pièces de Molière, Georges Sand, Alphonse Daudet, Alfred de Musset, Labiche, et tant d'autres sont apprises, répétées et déclamées annuellement sur des scènes improvisées : dans un bâtiment de ferme de Marcel Rault, ou dans un local de Monsieur Vézien, impasse des Grenadiers.
La salle des fêtes c'est plus tard, fin 1957.
Le public réparsacais goûte et apprécie un théâtre venu jusqu'à lui. Et cela grâce à l'assiduité d'une cinquantaine de jeunes acteurs locaux, de 1947-48 à 1962 ; tous issus de l'école communale. Et, bien sûr, grâce aussi à la persévérance du corps enseignant. Et puis « Les enfants de la Soloire » (Nercillac-Réparsac) apportent leur touche musicale expérimentée à ces fêtes villageoises.
● Sur les routes de France
« Sur les routes de France, avec ceux de réparsac », titre un journal local en 1954 : le récit
d'un de ces voyages annuels de 3 ou 4 jours, véritable découverte de l'histoire, de la géographie et de la vie sociale d'une région. Dans le cas présent : le canal du midi, Carcassonne, Narbonne, Argelès, Font Romeu, la Vallée de l'Ariège, Cahors...
De même en 1952, c'est l'exploration de l'ouest, le château des ducs d'Anjou, le Mont St Michel, un Vieux matelot fait visiter un morutier en partance pour 4 mois au groenland, St Malo, Rennes et Redon...
L'école continue ainsi, chaque année, pour ces anciens de la communale en découvrant la
vie d'un territoire, grâce pour partie aux ressources procurées par la théâtre, et l'aide de la
municipalité.
Constatant que la société théâtrale a cessé toute activité, le conseil municipal du 26 mai
1969 décide de supprimer la subvention qui lui était attribuée.
Une autre époque prend le relais avec ses programmes, ses méthodes pédagogiques et
ses activités extra scolaires.
Les enseignants à Houlette depuis le jumelage avec Réparsac en 1983
Directeur | Adjoint(e) |
1983-1985 Jean-Pierre CHAVAGNE | Michel VILLESANGE (1983-84) Françoise CHASSAGNE (1984-85) |
1985-1987 Guy LAPORTE | Danièle CHUPIN |
1987-1989 Monique GENTON | Dominique REIGNE (1987-88) Franck MAUNEAU (1988-89) |
1989-1998 Martine PLAINFOSSE | Franck MAUNEAU (1989-92) Sylvie CHANDEBOIS (1992-93) Madame AUBINAUD (1993-94) Hélène RAGUES (1994-95) Martine GROS (1995-98) |
1998-2001 Sandrine GABORY | Céline GAYRAUD |
2001-2002 Stéphanie TEMPLIER | Isabelle COUSSET |
2002-2003 Sandrine JAUNEAU | Isabelle COUSSET |
2003-2012 Corinne JUNG | Isabelle COUSSET (2003-04) Pamela CHAMOULEAU (2004-12) |
2012-2013 Amélie DECHAMPS | Pamela CHAMOULEAU |