CAFÉS ET BALS RÉPARSACAIS
Couples inséparables : Cafés et bals réparsacais
L'entre deux guerres (1920-1938) connaît trois cafés à Réparsac.
Sans doute l'un des plus anciens, celui des parents d'Edith Barbion, à l'ombre du clocher de l'église (au numéro 11 de la « Grand'Rue ») tenait sa salle de bal au rez de chaussée et son bar au premier étage. Raymonde Robin, l'actuelle occupante du logement, raconte la disposition initiale des salles avant leur acquisition en 1971.
Dans la même rue, à courte distance, (au numéro 13) madame Dina Hautebert, née Broussin, la sœur de Laurency, maréchal-ferrant, assure café et, bien sûr, dancing sous le grand hangar dans la cour. Durant cinq à six années, Dina va succéder au café « Barbion » son voisin.
Quand la forge devient « bistrot »
En guise de plafond, une toile tendue sur des fils de fer, deux soufflets de forge et deux enclumes témoignent d'une récente activité de maréchal-ferrant : la forge du défunt Klébert Moreau devient « bistrot » avant les années trente à l'initiative d'Emma Moreau, la maman de Klébert.
Un café au décor sommaire, mais plein d'avenir comme son histoire va le prouver jusqu'en 1976, là où siège l'actuelle mairie, au 3 rue Grand'Ouche.
Ouvriers maçons et vietnamiens au café restaurant Fontanaud
Marcel et Henriette Fontanaud, à partir de 1937, succèdent à Madame Moreau. Leur café restaurant se refait une beauté avec le plâtrier Robert Soulet, un fils de Réparsac.
Un billard « trois boules » occupe la grande salle de près de 80 m². Elle donne sur la rue. C'est là qu'Henriette Fontanaud nourrit chaque midi, aux frais de l'entreprise « Grand'Ouche » les ouvriers maçons occupés à construire la laiterie Vézien. Mais aussi, matin et soir, huit à dix « annamites »¹ travaillant pour la commune : élagage des haies, entretien des chemins vicinaux...
Robert Fontanaud se rappelle de l'aménagement d'une salle de bar avec ses parents : « mais elle ne pouvait rivaliser avec celle, plus moderne à Réparsac, du café d'Andrée Devedeix ». Alors, pour améliorer ses revenus, Robert organise tous les quinze jours, un bal à Sainte-Sévère avec saxo et accordéon.
Une production de greffes de vigne sur des terrains de location va améliorer le niveau de vie des cafetiers.
C'est l'année du mariage de Robert, en 1946, que les Fontanaud quittent Réparsac pour le Touche de Jarnac. Là ils deviennent pépiniéristes à temps complet.
¹ annamites : Durant la première guerre mondiale, la France fait venir d'Indochine près de 50 000 travailleurs annamites (du centre de l'actuel Vietnam) pour remplacer, dans les usines françaises, les ouvriers partis au front. Plus tard, un certain nombre d'entre eux sont employés dans les campagnes françaises.
Du grand hôtel de Pontaillac au bar réparsacais
Durant une décennie (1946-1956) la maison Lafarge succède au couple Fontanaud. Mais le seul revenu du bar, même complété d'un peu de restaurant, ne peut satisfaire les besoins d'une famille de cinq enfants. D'autant que, comme leurs prédécesseurs, ils sont gérants de Madame Maguet, la petite-fille du forgeron, propriétaire de ces lieux. Alors Henri Lafarge « fait les saisons » comme on dit à l'époque. Aux périodes de Pâques et des vacances (Juillet-Août), il devient « chef de rang - serveur » au grand Hôtel de Pontaillac ou dans les cafés – restaurants de la côte Atlantique.
Et l'homme « en smoking » assurera cette fonction longtemps encore après son départ de Réparsac, jusqu'à 70 ans passés..
On ne peut pas passer sous silence l'attelage bruyant, spectaculaire et risqué d'Henri Lafarge sur son vélo, accroché à une remorque, tirée par « caresse » et « cyrano », deux chiens costauds et rapides, assurant notamment les aller et retour à la foire de Rouillac où ses affaires le conduisent : en particulier, un petit commerce de greffes (de vigne).
Évidemment la permanence du café est assurée par Renée, la femme d'Henri. C'est qu'il n'y a pas d'heure pour le rendez-vous des chasseurs, des footballeurs, des employés de la laiterie « Grand'Ouche » à la débauche.. Cette entreprise où vont travailler les trois filles de la famille Lafarge : Fabienne, Guilette et Michèle..
« L'Etoilé » de Réparsac
La famille Madelon succède aux Lafarge. Durant cinq années (1957-1961) le café – restaurant devient « l'Etoilé » de Réparsac par la réputation de sa cuisinière : c'est là que les pilotes du camp d'aviation de Châteaubernard viennent fêter leur fin de stage sur le « Vautour »; c'est aussi le lieu choisi pour de nombreux repas de mariage... Une notoriété culinaire bien au-delà du village.
Les Madelon avec leur fille Réjeane, arrivaient de Nercillac, et s'en retournèrent dans ce village voisin, laissant la place à Solange et Théophile Chaudy.
Quatre vingt dix ans cette année
Malgré son éloignement à Gensac la Pallue, Solange Chaudy, 90 ans cette année, se passionne encore pour l'histoire de Réparsac. Son fils Jean, employé durant dix années à la laiterie de Réparsac (1962-1972) se rappelle des difficultés de ses parents à cause d'une licence de boisson alcoolisée trop limitative : « des clients voulaient consommer un « Ricard », mes parents n'avaient pas le droit de leur servir ». Alors ils sont partis à Luchac (Chassors) y créer un bar – restaurant en 1964.
Descendus des Pyrénées
Max et Antoinette Chapouloux arrivent des Pyrénées lorsqu'ils débarquent à Réparsac en 1964 pour assurer la succession au bar laissé par les Chaudy.
Le métier leur est familier : ils servaient à Lourdes dans des cafés – restaurants, et Max assurait des « saisons », l'été, avec Henri Lafarge dans des hôtels de la côte.
Durant dix années (1965-1975) les Chapouloux vont gérer, comme leurs prédécesseurs, le fonds de commerce café – restaurant réparsacais.
Claude, leur fils, se rappelle « les 25 à 30 couverts servis chaque jour de la semaine par mes parents. Employés de la laiterie toute proche, chauffeurs-livreurs, routiers.. tous connaissaient et appréciaient cette pause au cœur du village ».
Et puis une licence IV, la « grande licence », comme on disait, acquise de Mademoiselle Andrée Devedeix, élargissait la gamme des spiritueux offerts aux clients. Peu avant le décès de Max (le 16 mai 1975) les Chapouloux font l'acquisition de la maison au n°1 de la Grand'Rue, là où Guy Etouneaud avait jadis fabriqué charrettes et tombereau : juste en face de leur café précédent.
En cet endroit Antoinette démarre, en juin 1976 son « bar tabac ». Elle assure aussi la vente des journaux après la fermeture de l'épicerie Moraud. Étant seule, elle ne peut assumer la continuité du restaurant. En 1996, pour cause de maladie, Madame Chapouloux ferme la café : le dernier de Réparsac.
Durant trente et un an, les Chapouloux contribueront, par ces lieux de rendez-vous, à la convivialité villageoise.
Chez Mademoiselle Andrée
Des années 20 à 1971, parallèlement à l'existence du café situé au lieu de la Poste de la mairie actuelles, Mademoiselle Andrée Devedeix, amie de la famille Montaxier, gère un café qui organise des bals cinq à six fois par an, au 11 rue du Centre...
C'est que les musiciens ne manquent pas à Réparsac : René Grandeau, au piston, Joseph Blois à la clarinette, Eusèbe Montaxier au saxo, René Etourneaud à la batterie, pour ne citer que quelques uns.
Elle organise aussi des séances mensuelles de théâtre, assurées par la maison Marcelin. Et même, de temps en temps, de la magie par Monsieur Audinot. Des accords sont passés entre cafetiers du village pour servir ensemble aux fêtes communales. Ainsi la buvette de la frairie annuelle fut tenue à la fois par Andrée Devedeix et le couple Madelon.
Bal clandestin sous l'occupation allemande (1942-1943) dans la cour du café Fontanaud
Au saxo : Elie Moindron, à l'accordéon : Robert Fontanaud, à la batterie : Guy Etourneaud
La salle des fêtes de Réparsac, foyer municipal, prend le relais de bon nombre de ces activités de loisir après son inauguration, le 3 novembre 1957 : bals, théâtre, cinéma... et repas de mariages, de fêtes locales...