"BOULANGERS DU PAIN QUOTIDIEN"

Réparsac 1890 – 1990

Un siècle d’artisans et commerçants

 Boulangers du pain quotidien          

L'ancienne boulangerie
 de Réparsac

 

Chaque jour, chaque famille va chercher son pain : aliment essentiel, indispensable dans la composition des repas.

            Tant de locutions fixées par la tradition  disent  son importance dans la vie courante: « Bon comme du bon pain », « long comme un jour sans pain », «manger son pain blanc le premier », «  pour une bouchée de pain » » (un prix dérisoire) , et combien d’autres….

            Fabriqué d’abord dans des fours communaux, villageois ou individuels, le pain devient plus tard l’affaire des boulangers.

            Ce fût le cas à Réparsac au début de 1900.

 

Ernest MOYER
 avec ses deux filles :
Hélène et Madeleine
  • Ernest Moyet : compagnon du devoir (1876-1959)

            Au 16 de la Grand’rue à Réparsac une enseigne,

usée par le temps, indique encore la seule adresse où se succèdent  quatre boulangers : Ernest Moyet, né à Nercillac en 1876, en est le fondateur.

            Très jeune (13-14 ans), il part à Tours, base de «la confrérie des compagnons du devoir» pour y apprendre son métier. De stage en stage, chez des «maîtres boulangers»,  il effectue son tour de France.

            L’organisation de ces corporations à l’époque connait l’influence de l’armée : les compagnons ont leur chef, une rigueur professionnelle, leur mot d’ordre, des signes particuliers pour se reconnaître….

            Confirmé boulanger, après des années de compagnonnage, il s’installe à son compte. Avec sa femme Éva née Sauvannet, ils ont deux filles : Hélène, née en 1908 et Madeleine en 1911.

L’armée le réquisitionne à Réparsac .                                                      

            La guerre de 1914-1918 lui apporte un statut original : «l’armée le réquisitionne sur place à Réparsac pour procurer du pain aux populations des communes environnantes . Ce qui ne fut pas sans provoquer des jalousies de la part des familles dont l’homme partait au front» confie son petit-fils, Guy Grandeau, lui-même boulanger avant sa retraite.

            Le premier boulanger de Réparsac se retire à Cognac en 1931 pour y revenir, plus tard, y vivre ses vieux jours jusqu’à son décès en 1959 .

 

  • Emmanuel Pierre Saisy : parrainé par le fondateur.

            La boulangerie Moyet est fermée durant quelques années. Pour autant les habitants de Réparsac ne manquent pas de pain, approvisionnés par les tournées des boulangeries des communes voisines, dont celle de Sainte Sévère. Depuis 1922 s’y trouve une coopérative «meunerie-boulangerie» Et parmi le millier d’adhérents de cette dernière figurent des producteurs de céréales de Réparsac.

Médaille de bronze de
 M. Raymond MEUNIER (recto)

            Pierre Saisy, né en 1907 à Rouillac où sa mère tient une boulangerie, demande à Ernest Moyet de pouvoir reprendre la fabrication de pain dans son fournil réparsacais.

Nous sommes en 1933-34. L’ancien boulanger se propose même d’accompagner son successeur pour le présenter aux clients de ses tournées d'antan. Pierre Saisy se créait ainsi une clientèle avec la complicité du fondateur.

            Il devient locataire de la maison Moyet et propriétaire de son propre fonds de commerce (clientèle).

   Afin de réduire la concurrence, Pierre Saisy, de concert avec Mallat (boulanger à Chassors) achète le four de Luchac., se rappelle Pierre Croizet.

Avec Marie-Jeanne, sa femme, qui assure le magasin, ils ont deux filles : Michèle et Françoise. Ils prennent avec eux Léo de la boulangerie de Rouillac.

           

Médaille de bronze de
 M. Raymond MEUNIER (verso)

           

            Saisy embauche : Jean Potiron, il  s’était instruit du métier à la boulangerie coopérative de Sainte Sévère, de même que Marcel Bréchet, ce dernier quittera Saisy pour une période dans un maquis de Dordogne, durant la guerre 1939-1945;  Raymond Meunier, médaillé de bronze  de la «confédération nationale de la boulangerie et boulangerie-pâtisserie française», rejoint l’entreprise «Saisy»  dans les années 50;  et puis Jean Bassan, en 1955-1956, continuera sa carrière à cette même adresse

avec Serge Giraud, le boulanger suivant.

           

Diplôme de boulanger de
 M. Raymond MEUNIER

 

                        Il est d’habitude que chaque boulanger organise des tournées de pain dans les communes voisines. Avec voiture à cheval au début du siècle, et automobile fonctionnant au bois durant la guerre de1939-1945 : le fameux « gazogène ».

                        Micheline, la petite-fille de Moyet, et James Pierre se rappellent du «C4» de Pierre Saisy : «Si Léo oubliait de mettre le sac de petit bois avec le pain, le risque de panne sèche menaçait…»

                        A 58 ans, en 1965, le clarinettiste Pierre Saisy -  musicien aux «enfants de la Soloire» - décède d’un cancer avant même d’avoir terminé sa carrière  professionnelle..

 

Des poitevins lui succèdent

            Pratiquement sans interruption, Serge Giraud, né à Poitiers en décembre 1942, reprend l’affaire Saisy avec son père.

            Même si leurs prédécesseurs offraient de la viennoiserie (croissants,..….) la pâtisserie, à Réparsac, démarre vraiment avec les Giraud, car le père est boulanger et le fils opère  plus en pâtisserie.

            De plus ils modernisent l’ensemble de l’atelier et transforment le magasin.
Serge se marie avec Ginette Boisnard en novembre 1970. Trois enfants naissent de cette union : Stéphanie  en 1971, Sébastien en 1973 et Vincent en 1977.

Après avoir servi du pain et des gâteaux aux réparsacais durant dix-sept années la famille Giraud quitte la région.

 

Les derniers boulangers : Henri et Gérard Méchin.

            Originaires de Saint Georges de Didonne et boulangers à Marennes (Charente-Maritime) de 1960 à 1979, les Méchin arrivent en 1982 à Réparsac.

            Leur boulangerie ne change pas d’adresse. Il y a continuité de lieu depuis Ernest Moyet. Boulangerie et pâtisserie vont de pair depuis l’avènement des Giraud. Preuve en est à Noël 1984 : en vitrine du magasin, chacun peut admirer une reproduction, en nougatine, de l’église de Réparsac.

               C’est que Henri Méchin, le père, est pâtissier et le fils, Gérard, boulanger.

                Au printemps 1992, le père Méchin a soixante ans. Né en 1932, marié à Christiane Pagenaud, l’âge de la retraite est arrivé.

            Et puis des difficultés de gestion (usure des équipements, manque de repreneur,etc) vont provoquer la fermeture de la boulangerie.

            Depuis + de 20 ans Réparsac n’a donc plus de boulanger-pâtissier.

 

La poste : dépôt de pain.

            Depuis cette fermeture les réparsacais diversifient leurs sources d’approvisionnement en pains et pâtisseries : boulangers des communes voisines, grandes surfaces….

            Mais surtout, au centre du bourg,   le point poste sert aujourd’hui de dépôt de pain produit par la boulangerie de Sainte-Sévère,  gérée actuellement  par Sahbi Kamnoun, au 5 de la Grand’rue. Une cinquantaine de pains et baguettes alimentent ainsi quotidiennement une part de la population de notre commune depuis 2009.

 

L’indispensable meunerie

            A ce jour, la « Société anonyme de meunerie et boulangerie de Sainte Sévère » fournit ses 300 quintaux de farine par mois, aux 25 boulangers des environs.

            Démarré en 1922, le moulin approvisionnait, surtout dans un premier temps, sa propre boulangerie. Car une concurrence entre artisans avait conduit, par exemple, Pierre Saisy à se fournir en farine au moulin de Veillard, aujourd’hui disparu, alors que ce dernier était nettement plus éloigné de Réparsac que celui de la commune voisine, à trois kilomètres.

            Jean Chevalier a travaillé de 1949 à 1993 au moulin de Sainte Sévère. Il constate l’évolution considérable de la meunerie depuis 1940 : « 100 à 120 moulins en Charente avant la guerre de 1939-1945, 92 en 1952, et seulement 2 en 2012 : Saint Claud et Sainte Sévère »  Des sociétés de grands moulins (comme celle de Paris) ont remplacé d’anciennes petites minoteries avec leurs succursales régionales.