Les Ettonistes et les Jacobistes
1719 - 1754[1]
« Correspondance relative aux contestations qui se renouvelaient sans cesse, depuis très longtemps, entre les habitants de Bienvillers-au-Bois, pour les deux églises de cette paroisse. »
Il s’agit d’une transcription à partir des recherches, effectuées par M. Jules-Aimé Cottel[2] sur la querelle des deux églises, Saint-Jacques et Saint-Etton[3], qui a opposé les habitants de Bienvillers entre eux. Il n’a pas été possible de travailler à partir des archives, sur lesquelles l’auteur s’est appuyé. Ces dernières ont été détruites lors de la 1ère Guerre Mondiale[4] au début du XXème siècle.
A l’origine[5], Saint-Jacques fût un sanctuaire fondé par l’évêque Saint-Etton. Une chapelle portant son nom vit le jour en 1508. Pendant de la guerre d’Espagne, l’église Saint-Jacques fût incendié en 1637. Dés lors, toutes les offices furent célébrés à l’église Saint-Etton. Mais la reconstruction de Saint-Jacques conduit à l’antagonisme entre les habitants de Bienvillers pour la priorité d’une paroisse sur l’autre. Un antagonisme qui perdure au XVIIIème et sans doute encore au XIXème siècle.
- Copie d’une lettre du curé au garde des sceaux du 15 avril 1720 : « Il y a plus d’un siècle que les habitants de Bienvillers-au-Bois de la province d’Artois sont en procès, se consumans en frays inutiles au sujet des deux églises qu’il y a en ce lieu, sçavoir celle de Syt-Jacques et celle de St-Esthon ; en conséquence d’un procès instruit par devant M. l’Evêque d’Arras au sujet des droits paroissiaux de ces deux églises ; ordonne a esté rendue par le dit sieur évesque le 11 août dernier, par laquelle il est dit entre autres choses que celle de St-Jacques est la véritable paroisse dudit Bienvillers »etc.
- Lettre de M. d’Angervilliers, ministre et secrétaire d’Etat, sur une requête des habitants dudit village de Bienvillers « qui demandent qu’on leur donne des commissaires, pour connoistre et juger en dernier ressort des contestations qui subsistent toujours entr’eux, par rapport à une chapelle qu’une partie de ces habitans prétendent devoir être « substituée à l’ancienne paroisse. » (5 mai 1730)
- Arrêt d’évocation qui renvoie devant l’Evêque d’Arras et l’Intendant de Picardie et d’Artois les procès et différends soulevés relativement aux églises de St-Jacques et de St-Ethon, en la paroisse de Bienvillers : « Le Roy estant informé des contestations qui sont entre les habitants du lieu et communauté de Bienvillers au Bois, en son comté d’Artois, diocèse d’Arras, par rapport à deux églises qui se trouvent dans le même lieu, situées aux deux extrémités dudit lieu, l’une dédiée à St-Jacques et l’autre à St-Ethon, à l’occasion de quoy les habitans de ladite communauté sont de temps immémorial en procès les uns contres les autres pour sçavoir laquelle de ces deux églises est la paroissiale, et dans laquelle les ornemens et les principales cloches seront misent ; que les habitans qui ont leurs demeurent du costé de St-Jacques prétendent qu’elle est la véritable paroisse, et que ceux du costé de l’église de St-Ethon soutiennent au contraire que c’est cette dernière, ce qui a causé jusqu’à présent une telle division entre ces habitans qu’ils en sont venus aux mains, et se sont portés à de telles violences les uns contres les autres qu’il y a plusieurs fois des gens tuez et blessés… ce qui a occasionné depuis plus d’un siècle une infinité de procès monstrueux, tant au civil qu’au criminel, dans toutes les juridictions de la province et même au Parlement de Paris, qui ont engagé ces habitants dans des procédures immenses »etc. (26 août 1730)
- Jugement définitif portant que « l’église de St-Jacques est la paroisse dudit lieu de Bienvillers-au-Bois, qu’elle jouira seule, et à l’exclusion de celle de St-Ethon, de tous les droits et prérogatives d’église paroissiale dudit Bienvillers ; que toutes les fonctions pastorales et curiales se feront en ladite église de St-Jacques, aussitôt qu’elle sera rebâtie ; qu’elle profitera seule, dez à présent, de tous les biens et revenus généralement quelconques annexés à la fabrique de l’église paroissiale dudit Bienvillers, aussi bien que tout l’argent monnoyé et des arérages dus à ladite fabrique, dont les receveurs et marguilliers rendront compte en dedans trois mois au plus tard, par devant les dits sieurs Le Clercq et Hébert que nous avons commis et commettons à cet effet ; que ladite église de St-Jacques sera incessamment rebâtie et rétablie en estat suffisant pour contenir tous les paroissiens dudit Bienvillers ; que la tour de ladite église de St-Jacques sera bien et dûment réparée ; que les deniers provenant de tous les biens et revenus de ladite fabrique seront employés au rétablissement de ladite église et aux réparations de ladite tour, et qu’au cas d’insuffisance d’iceux il sera fait assiette sur tous les paroissiens dudit Bienvillers, tant sur ceux qui sont du costé de l’église de St-Ethon pour le surplus des sommes employées au rétablissement de ladite église de St-Jacques et aux réparations faites à ladite tour ; que ladite église de St-Jacques sera seule entretenue par la suite dans un estat décent et convenable à une église paroissiale, desdits biens et revenus de ladite fabrique ; et au cas d’insuffisance des deniers d’icelle, par tous les paroissiens dudit Bienvillers ; que le chœur de ladite Eglise de St-Jacques sera rebâti et entretenu par les décimateurs dudit Bienvillers, au moyen de quoy ils seront déchargés de l’entretien du chœur de l’église de St-Ethon, lequel sera démoli, aussi bien que toute ladite église et la tour d’icelle, aussitôt que l’église de St-Jacques sera rebati et bénite ; ordonnant en outre que tout ce qui appartient à l’église paroissiale dudit Bienvillers, comme tabernacle, ciboire, remontrance, vases sacrés, ornements d’autel, habits sacerdotaux, fonds baptismaux, le coffre-fort, baux, déclarations et généralement tous les titres et papiers concernant les biens de ladite fabrique, les registres de paroisse tant anciens que nouveaux, seront ôtés de ladite églissie de St-Ethon et transportés en celle de St-Jacques pour y rester et servir à perpétuité ; que les cloches qui sont dans la tour de St-Jacques ; que le cimetière et tout le produit d’iceluy appartiendra à ladite fabrique de l’église de St-Jacques ; condamnant les habitans dudit Bienvillers du costé de St-Ethon aux dépens liquidés à la somme de 350 livres ; faisant au surplus très expresses défenses à tous et chacun les habitans dudit Bienvillers d’exercer respectivement les uns envers les autres aucunes voyes de fait »etc…, etc (29 décembre 1731).
[1] Sources Arch du PDC : M.Jules-Aimé Cottel (chef de bureau), « Inventaire – sommaire des Archives Départementales antérieurs à 1790 », Série C, Tome 1, n° 1 à 791, Arras, Imprimerie de la Société du Pas-de-calais, 1882, p 165 à 166.
[2] Id.
[3] Saint-Etton, évêque missionnaire d’Irlande, évangélise le village vers 650-651.
[4] 1914 – 1918.
[5] Arch Départ. Du Pas-de-Calais : Dictionnaire Historique et Archéologique du Pas-de-Calais, « Arrondissement d’Arras, tome 2, cantons de Croisilles, Marquion, Pas, Vimy, Vitry », Editions Sueur-Charruey, Arras, 1874, p 170 à 171.