Manoir de Belle Fontaine
Il se situe à la sortie du bas bourg de Nouzilly, au croisement des routes qui mènent à Beaumont-La-Ronce et à Rouziers et de l’ancien chemin qui allait vers Tours avant la création de la percée actuelle.
Celui-ci est composé d’un grand corps de logis du XVIIIème siècle encadré de deux pavillons en retour. A son centre, se trouve une loggia en avancée, couverte d’un dôme d’ardoises en écaille à l’impériale à galbe en doucine droite qui se termine par un lanternon à huit pans.
La présence de trois sources dont celle du lavoir tout proche est à l’origine du nom du lieu. On peut identifier le lieu-dit de Belle Fontaine à celui mentionné dès 1185 sous l’appellation « Locus Belli Fontis » ou encore Fontaine Saint André, le patron de la paroisse. En outre, une notice du martyrologe obituaire de Saint Julien de Tours qui remonte au XIVème siècle parle également de « Fontaine ». Pour célébrer l’anniversaire d’un moine de Marmoutier dénommé Pierre Le Gras, les moines de Saint Julien touchent annuellement dix sous sur leurs hommes de la Fontaine près de Nouzilly en la fête de Saint André et le Jeudi Saint, deux sous, un denier de cens par tête, qu’ils ont acheté de Jean de Poillé, chevalier dont le manoir se trouvait sur la châtellenie de Charentilly. Jean de Poilé semble donc avoir été propriétaire du lieu de Belle Fontaine.
Belle Fontaine n’est pas connu comme manoir avant le XVIIème siècle. La famille Brosseau détient le lieu comme le mentionnent les états civils de la paroisse de Saint Denis de Tours. Le 12 janvier 1627, « Jehan Gentilz, conseiller du Roy, fils de feu maître Martin Gentilz, vivant notaire royal et de dame Marie Foucher » se marie à « demoiselle Marie Brosseau, fille de maître François Brosseau, sieur de Belle Fontaine, hérault d’armes de France et de dame Jacqueline de Laistage ». Les Pelletier succèdent aux Billard, propriétaires du lieu. Guillaume Pelletier, bourgeois demeurant à Tours, comparaît le 4 mai 1667, lors de l’enquête sur la recherche de la noblesse et déclare ne pas revendiquer la qualité d’écuyer et ne pas prétendre être exempt de la taille pour ses terres et métairie de Belle Fontaine. Il comparaît une seconde fois le 27 décembre 1667 et renouvelle sa déclaration « Il n’a jamais pris ni entendu prendre la qualité d’écuyer, ni sous ce prétexte être exempt de la taille et autres charges et impositions auxquelles les roturiers sont sujets, ayant au contraire été imposé aux tailles de la paroisse de Nouzillé, comme faisant valoir la terre de Belle Fontaine en ladite paroisse ».
On ne peut dire qui a bâti la maison du XVIIIème siècle que nous voyons aujourd’hui. Dans la seconde moitié du XVIIIème, on identifie les Farion de Maison Neuve comme propriétaires du logis, de terres et de bois, de la ferme de Beauregard et d’une maison dans le bourg, notamment. A son décès le 26 août 1778, à l’âge de 95 ans, Etienne Farion de Maison Neuve, qualifié de bourgeois de Nouzilly, laisse comme héritières ses deux filles, Eléonore, Marie, Madeleine et Jeanne, Françoise.
Eléonore épouse le 5 juin 1753 à Nouzilly le sieur Jacques Collineau, conseillé du Roy, commissaire de police à Tours, veuf de Claude, Anne Millard de la paroisse de Saint Venant de Tours. Quant à Jeanne, elle se marie un an auparavant le 2 mai 1752 à Nouzilly avec le sieur Claude, Jean-François Vallois, géomètre arpenteur des bois du Roy de la paroisse de Saint Etienne de Tours.
Vraisemblablement, la division du logis intervient lors de la succession d’Etienne en faveur de ses deux filles. Jeanne hérite de la partie est tandis que la maison côté ouest est dévolue à Eléonore. La fille de cette dernière prénommée également Eléonore épousera Jacques Belle Mazy, issu d’une famille de riches propriétaires et de fermiers généraux. Lors du décès d’Eléonore Collineau Belle Mazy, la partie ouest du manoir sera à nouveau morcelée en deux lots, l’un revenant à sa fille Eléonore Belle, épouse de Prosper Chevallier et l’autre à Rose Belle, épouse de Dieudonné Bruère.
Au terme d’une vente en 1856, la partie ouest retrouvera son intégrité, étant habitée successivement par la famille Brindelet, père et fils, ce dernier s’en dessaisira à la veille de la première guerre mondiale en faveur de Madame Maria Manuel, veuve de Wendel. C’est cette dernière qui fit édifier des bâtiments annexes au logis dont une salle des fêtes à usage de salle paroissiale et de patronage pour l’école privée toute proche. La famille de Wendel fit don de la partie ouest à Monsieur Lejault qui était à leur service et dont le petit-fils Monsieur Boy en est toujours détenteur.Le côté est, après avoir été occupé dans la première partie du XIXème siècle par Monsieur Jean-Baptiste Boutard, passa par la suite au XXème siècle aux mains de la famille Favre, puis par adjudication prononcée en vertu d’un jugement rendu par le tribunal civil de Tours le 17 mai 1934 à Monsieur Robin, maire de Nouzilly. Une étude plus détaillée des actes de propriété pourrait permettre de connaître les occupants successifs. Sous le Second Empire, cette partie est fut remaniée au goût du jour tout en conservant la structure ancienne.