Le site abbatial

A la fin du VIIe siècle, des clercs de Saint-Hilaire de Poitiers s’installent sur les bords du Miosson et construisent sur un affleurement rocheux la première « celle » (petite église) qu’ils nomment « cella novaliacensis » : Petite église sur une terre nouvellement défrichée. Ce terme de novaliacensis donnera plus tard en français : Nouaillé.

Au VIIIe siècle, ce prieuré est érigé en abbaye, s’émancipant ainsi d’une partie de la tutelle de Saint-Hilaire. Les moines adoptent la règle bénédictine, partageant leur temps entre prières, travaux manuels et intellectuels.

Placée primitivement sous le double vocable de Saint-Hilaire et Sainte-Marie, l’abbaye prend l’appellation de Saint-Junien à partir de 830, année de la réception des reliques de ce saint poitevin, contemporain et ami de sainte Radegonde de Poitiers. Pour l’occasion, une nouvelle église est édifiée et consacrée.

A la même époque, la chapelle Notre-Dame de Montvinard est édifiée sur le coteau à l’est.

L’abbaye prospère régulièrement, entraînant la création d’un bourg, attesté dès le XIe siècle, à l’est et au sud du monastère. On y cultive céréales, vergers, lin, chanvre, vignes… Le village se dote d’une paroisse au XIVe siècle, avec la fondation d’une église Saint-Martial, entourée de son cimetière.

Mais très vite, la peste noire (1347), la guerre de Cent Ans et la récession entraînent dépeuplement et abandon de terres. Durant la guerre, le roi de France sera d’ailleurs capturé par les Anglais à Nouaillé en 1356.

Le retour de la paix s’accompagne d’un essor vers 1450-1500 et des avantages sont accordés à ceux qui s’installent sur les terres de Nouaillé. A cette époque, Raoul du Fou, premier abbé commendataire (qui perçoit les revenus de l’abbaye) aménage un logis en style gothique flamboyant dans l’un des bâtiments de l’abbaye.

Cependant, l’embellie est de courte durée et l’abbaye connaît de graves troubles lors des guerres de Religion. En 1569, Coligny, à la tête des troupes protestantes, incendie le chœur de l’église abbatiale et pille les reliques de saint Junien.

Il faut attendre le début du XVIIe siècle et l’arrivée des moines Mauristes (congrégation bénédictine de Saint-Maur) pour que se mette en place une restauration tant matérielle (réparation du chœur de l’église, nouveau bâtiment sud abritant les lieux de vie) que spirituelle (l’abbaye devient un centre intellectuel religieux).

Le village connaît également une certaine vitalité ; en 1721, l’abbé est autorisé par le roi à y établir foires et marchés.

Cependant, à partir de 1750, l’abbaye décline. En 1791, le monastère, qui ne compte plus que quatre moines, est fermé. Les bâtiments monastiques sont vendus comme biens nationaux à des particuliers et l’église abbatiale devient paroissiale.                                

Pour rappeler l’événement de la bataille de 1356 et l’incidence du maupertuis (mauvais chemin), la commune prend le nom de Nouaillé-Maupertuis en 1938.

A partir de 1983, le site fait l’objet d’importantes restaurations et, en 1991, les services de la mairie s’installent dans l’ancien logis abbatial.