Les Entonnoirs de Leintrey

La nécropole nationale de Leintrey

Ce cimetière militaire national conserve le souvenir de soldats français disparus, dans la nuit du 10 au 11 juillet 1916, lors de l’explosion de cinq mines allemandes creusées sous les tranchées françaises. Ces entonnoirs sont les plus importants vestiges de la guerre de mines sur le front lorrain.

À l’été 1914, dans un dernier sursaut, la 1re armée du général Dubail et la 2e armée du général de Castelnau contiennent le mouvement allemand devant les hauteurs du Grand-Couronné de Nancy. Le front de Lorraine résiste ainsi à la pression ennemie. L’étau sur Nancy se desserre mais le front se fixe au nord de Lunéville. Là, les positions françaises et allemandes connaissent peu d'évolution jusqu'à la fin de la guerre en dépit de combats très localisés notamment dans la vallée de la Vézouse, au bois Zeppelin ou dans la forêt de Paroy.

À Leintrey, les combats ont été des plus difficiles pour la prise de la cote 303 aux mains des Français le 20 juin 1915. De leur côté, les Allemands tiennent solidement Leintrey bombardés sans relâche par l'artillerie française.

En 1916, l'épicentre des opérations se déplace vers le nord-est, à Verdun où Français et Allemands s'engagent dans une bataille d'usure et luttent pied à pied pour rompre le front. Trois quarts des unités de l’armée française participent à cet effort. A tour de rôle, les régiments se succèdent. Une fois éprouvés par ces combats, les hommes sont transférés vers des zones plus calmes. Ainsi, après les combats du Mort-Homme d’avril et de mai, le 162e régiment d'infanterie gagne début juin le secteur de Leintrey. Celui-ci n'est pas si calme. En effet, depuis l'automne 1914, les escarmouches se multiplient et se déroule une violente guerre de siège. Ainsi, après avoir creusé depuis des mois des galeries sous les positions françaises, les Allemands chargent en explosifs l'extrémité des tunnels. Ce dispositif ancestral provoque la surprise chez les assiégés dont les positions sont bouleversées par les explosions à l'issue desquelles l'ennemi se rue pour occuper les lèvres des entonnoirs. Cette guerre de mines impose aux belligérants de s'épier davantage et d'être des plus réactifs. À cette stratégie répond donc celle de la contre-mine qui vise à ralentir et à contrer la progression ennemie.

Le 10 juillet 1916, les Allemands déclenchent un violent bombardement entre la route de Leintrey et le Bois Zeppelin. Une attaque semble imminente. Aussi, les hommes du 162e RI sont massés pour arrêter cet éventuel assaut. Mais vers 22h30, cinq explosions de mines sont entendues et bouleversent le terrain. Une partie des hommes de la 3e compagnie et de ceux la compagnie de mitrailleurs du 162e RI, conduits par le sous-lieutenant Levy, sont engloutis. L'assaut est donné mais il est contenu malgré la confusion générale. Le lendemain, les Français s’accrochent encore à leurs positions qui sont progressivement aménagées. Les combats se poursuivent encore tout comme la guerre de mines. En 1917, les Allemands abandonnent définitivement en Lorraine cette stratégie qui n'avait que pour finalité le fait de détourner des effectifs de Verdun ou de la Somme.

Aujourd'hui, marquant à jamais le paysage, quatre entonnoirs de 40 à 50 m de diamètre et de 20 à 30 m de profondeur témoignent de l'âpreté des combats de juillet 1916. À l'initiative de la famille du sous-lieutenant Levy, ce site est reconnu, en 1923, comme nécropole nationale et un monument rappelle le souvenir de 73 hommes du 162e RI à jamais portés disparus.

Célébrations

Chaque premier dimanche de juillet, le Souvenir français, fidèle à sa mission, ravive la mémoire en commémorant le douloureux anniversaire des 10 et 11 juillet 1916.