Forêt de Montaud
LIEU
Vue de la plaine de Castres c’est un relief allongé tantôt bleu, vert ou roux, parfois blanc qui s’étale d’Ouest en Est.
Ce massif, d’une altitude de 250 à 1 211m au Pic de Nore délimite le climat méditerranéen au sud, du climat atlantique, fortement modifié sur le piémont tarnais par le Vent d’Autan né Marin au bord de la Méditerranée. Le versant sud, surtout des prairies sur roches sédimentaires descend en pente douce vers Carcassonne. Le versant nord est pentu, composé de gneiss, granite, schistes et quelques filons calcaires. Il est très fortement boisé, ce qui facilite l’infiltration de l’eau.
La Montagne Noire, à cheval sur le Tarn et l’Aude est le château d’eau des plaines environnantes.
Milieux, flore et faune
Les principaux milieux sont, versant nord, coté tarnais: la forêt, les sagnes, les ruisseaux, les lacs et les étangs, les landes, les zones rocheuses.
De 250 à environ 600 m d’altitude, on trouve des reboisements en résineux ( pins, douglas ) plantés le plus souvent sur d’anciens parcours à moutons à partir de 1950 et des boisements feuillus naturels surtout de chênes pubescents ou sessiles, de frênes et de feuillus divers.
A partir de 600 m, selon l’exposition, c’est le domaine de la hêtraie sapinière, parsemée de quelques chênes, surtout dans les forêts domaniales de la Montagne Noire et de Nore, partiellement dans la forêt communale de Montaud, avec du frêne à proximité des cours d’eau ; les forêts privées sont à base de résineux ( douglas ) et de quelques taillis de feuillus.
Flore
Outre les arbres déjà cités, c’est une flore collinéenne. Le célèbre respounchous ( Tamier commun ) est récolté par certains gourmets. Au printemps, la floraison de milliers de jonquilles éclaire le sous-bois, l’automne se teinte du violet des colchiques.
Des stations de Lys des Pyrénées sont bien implantées dans des boisements clairs.
Faune
On peut y rencontrer les mammifères classiques : chevreuil, sanglier, renard, blaireau, martre, écureuil, parfois la genette, …
Les oiseaux sont représentés par les passereaux forestiers habituels : pinsons, mésanges, sitelles, grimpereaux, Pics épeiches, mais aussi le Pic noir, sculpteur émérite dont les gros copeaux s’accumulent au pied de l’arbre où il a détecté des larves d’insectes saproxyliques dont il se goberge. Les plaques d’écorces d’épicéas encore verts qu’il a décollées signalent au forestier que l’arbre est condamné. La Chouette hulotte surprend par ses appels variés. Plus difficiles à observer : l’Aigle botté, la Bondrée apivore, l’autour et l’épervier. Selon les années des milliers de Pinsons du nord en hivernage se goinfrent de faînes de hêtre.
Des espèces comme le Bec croisé des sapins et la Mésange noire habitent presque exclusivement les résineux.
Les sagnes
On appelle “sagnes” les zones marécageuses et en particulier les tourbières. La sphaigne est le végétal qui crée la tourbière : sa partie inférieure sèche et produit la tourbe. Avec le temps le vent transporte des graines d’essences pionnières saules et bouleaux qui pompent l’eau, la tourbière s’assèche progressivement. D’autres arbustes dont les graines sont apportées par les oiseaux où le vent s’installe, ensuite arrivent les chênes, le Hêtre et le Sapin pectiné. Sous nos climats, c’est l’évolution naturelle, la forêt est le stade ultime.
L’importance des sagnes est qu’elles stockent l’eau en hiver, comme des éponges, et alimentent progressivement un chevelu de ruisselets, dont le débit est plus régulier sur l’année.
La tourbe conserve les grains de pollen pendant des milliers d’années. D’après leur structure et leur forme on détermine les végétaux qui les ont produits, la datation est obtenue par la profondeur. C’est la science de la palynologie. On reconstitue ainsi l’histoire du paysage végétal et son évolution dans le temps.
Flore
Il règne dans les tourbières des conditions écologiques particulières : humidité, température plus froide, acidité, ce qui convient à des plantes souvent rares, reliques des périodes glaciaires. Les plus connues sont la Molinie bleue, la Canche cespiteuse, la Linaigrette aux fructifications en touffes cotonneuses. Les droséras qui compensent le manque d’azote de la tourbe en capturant et digérant les insectes qui s’engluent sur leurs feuilles. En bordure, c’est l’abondance des fougères dont l’Osmonde royale.
Faune
C’est le royaume des amphibiens : grenouilles, salamandre, Triton marbré…
Les ruisseaux
La zone boisée qui les borde s’appelle la ripisylve : forêt riveraine des cours d’eau, forêt à bois tendres, essences pionnières et post pionnières inféodées à la proximité de la nappe phréatique et à la fréquence et à la durée des inondations. Elle filtre l’eau et maintient les berges.
Cette eau vive qui coule sur des roches acides est pauvre en nutriments.
Flore
Typiques de la ripisylve sont l’aulne, le bouleau, le saule, le frêne. L’on rencontrera le chêne, le sapin pectiné, l’épicéa, le hêtre, ces trois derniers qui ne laissent pas passer beaucoup de lumière et dont les feuilles et les aiguilles se décomposent lentement sont moins favorables à la vie aquatique. Les fougères sont dans leur élément : Blecnum spicant, Osmonde royale…Dans l’eau poussent de rares algues. Sur les pierres immergées et les berges se fixent des mousses.
Faune
En conséquence de la pente souvent forte, du courant, de l’altitude, des températures assez basses, d’une eau bien oxygénée et d’un PH acide (autour de 6), la faune qui l’habite est particulière. Dans ces cours d’eaux acides, le peu d’éléments minéraux, la rareté de mousses et d’herbiers aquatiques font que le plancton et les micro-invertébrés ont du mal à se nourrir. Les poissons, truites, vairons et rares goujons, y grossissent mal. L’écrevisse locale a disparu depuis longtemps. Les invertébrés les plus courants sont les gammares, les plécoptères, les éphémèroptères, les tricoptères et les libellules, la plus voyante étant la demoiselle Caloptérix méridionalis, adepte des eaux courantes. Certaines espèces d’invertébrés permettent de mesurer le degré de pollution de l’eau.
La loutre a laissé quelques empreintes.
Le Cincle plongeur, surprend par son passage éclair au-dessus de l’eau, il se nourrit de larves aquatiques dans ces eaux courantes encore pures. Avec un peu de chance, le promeneur le verra marcher sous l’eau à la recherche des larves. La Bergeronnette des ruisseaux fréquente tous les ponts.
Les poissons sont la Truite fario, parfois des vairons et des goujons.