Butte féodale du Mortier

 L’implantation d’un habitat à La Bazoge remonte à l’époque gauloise mais le nom même de La Bazoge est d’origine gallo-romaine tout comme les autres Basoge, Bazoche, Bazouges. Dans ces lieux existait un bâtiment public qui tenait à la fois du temple et du marché.

Tout laisse à penser que La Bazoge, située sur l’axe Le Mans-Vieux , en Normandie (près de Caen), une des routes traditionnelles de l’étain produit en Cornouaille britannique, était une étape importante en raison de ses forges produisant le fer.

En effet, lors des fouilles préventives effectuées avant la construction de l’A28 au Nord du Mans, on a retrouvé les traces d’une production de fer itinérante dans des bas-fourneaux, des traces de puits de mine et de galeries qui permettaient d’atteindre les couches du minerai de fer. On sait depuis que la production du fer dans le Maine remonte au VIIème siècle av. J.C, et peut-être même au VIIIème siècle. On peut voir au musée Plantagenêt du Mans La reproduction d'un site de La Bazoge avec fourneau produisant du fer.

Dès l’époque gallo-romaine mais peut-être même avant, une production importante de fer est sans doute sortie de forges situées au Mortier, qui a perduré jusqu’à la fin du Moyen-Âge. En attestent les importants volumes de scories retrouvées sur le site et les nombreux effondrements de terrain, témoins des orifices de puits de mines dans les environs. Autre élément, qui a son importance pour les échanges commerciaux, le site se trouve sur l’ancienne voie gallo-romaine allant de Vieux (près de Caen) au Mans.

Le Mortier fut au Moyen-Âge le siège d’une châtellenie qui avait droit de « haute, basse et moyenne justice » . Ce fief, attesté sans discontinuité de 1366 à la Révolution appartint aux grandes familles nobles du Maine, dont les Beaumanoir, seigneurs de Lavardin.

Quand la production de fer des petites forges du Maine - dont le Mortier - décline, une branche des Beaumanoir, barons d’Antoigné, crée les fonderies de Sainte-Jamme-sur-Sarthe à une date antérieure à 1618. Là, le débit de l’eau peut entraîner les puissantes roues à aubes nécessaires pour la soufflerie et le martelage suivant un nouveau procédé de fabrication du fer.

Sur le site du Mortier, subsistent actuellement, outre la retenue d’eau, les fondements du manoir, un puits, une butte de terre (la butte St-Aldric) recensée par Verdier parmi les mottes féodales de la Sarthe et un profond fossé (de défense?) dans la colline proche.

Sur les cartes anciennes, sont aussi signalés une chapelle, un « ancien presbytère » (St-Nicolas) et, plus étonnant, un « ancien cimetière» à La Chesnaie.

La butte Saint-Aldric au Mortier est protégée au titre du décret 86-192 de la DRAC des Pays de Loire et l’ensemble du site est classé comme réserve archéologique au PLU de la commune de La Bazoge.