Les fours à pain

Les fours à pain

Un four à pain communautaire...., pas banal !

Le four à pain d'Alary, est selon les anciens, un four à usage collectif. Rien de bien exceptionnel :

 « sans être juridiquement un bien communal, il existe encore aujourd'hui des formules de ce genre» écrivait Jean Lartigaut en 1978.

A Cambayrac, de nombreux fours à pain persistent dans les maisons anciennes. On en dénombre encore une vingtaine dans le bourg et les hameaux. Mais le four à usage collectif présentait des avantages et permettait une répartition des tâches entre les utilisateurs.

Au XVe, derniers temps de la guerre de Cent ans, le Quercy est dévasté et désertifié. Un important repeuplement des campagnes s'opère avec l'arrivée de colons venus du Rouergue, d'Auvergne, du Limousin, des Pyrénées, et d'ailleurs. « Ou bien dès l'arrivée des colons, le seigneur construisait à ses frais un four banal, en assurait l'entretien et l'approvisionnement en bois ainsi que le salaire du fournier et prélevait le profit, ou bien il concédait à ses pages (paysans aisés) la liberté des fours contre une redevance ». Mais en 1473, un texte donne aux Quercynois «le droit de four» (et de pigeonnier). Chacun peut cuire son pain chez lui sans payer de redevance !

Dans un passé plus récent au XIXe, lorsque les campagnes étaient bien peuplées, la plupart des propriétaires disposaient d'un four, pétrissaient et cuisaient chez eux. Là où existait un four public, les usages locaux encore en vigueur à la fin du XIXe en réglaient, selon les cantons, l'utilisation :  par exemple, dans le canton de Luzech, le fournier allait chercher la pâte à domicile, la faisait cuire. Il prenait une partie de la pâte pour salaire et fournissait le bois pour chauffer le four. Dans le canton de Montcuq, il existait deux usages. Dans le bourg, le fournier allait prendre la pâte, et chacun récupérait son pain. Il fournissait le bois, se faisait payer en espèces:1,25 f (en 1899) par hectolitre de farine réduite en pâte. Dans la campagne,  le fournier se paie sur la pâte qu'apportent les particuliers. Ils fournissent le bois et viennent chercher le pain. D'autres formules s'observaient telles l'abonnement.

Mais revenons au fournil d'Alary :  il n'existe pas, dans la mémoire collective, de datation de cette petite construction (peut-être en trouverions nous dans les documents anciens). Elle se situe à proximité de maisons anciennes: sur une de ces maisons on observe sur une façade une pierre portant la date de 1875 et, sur une autre façade, une  inscription de I ۲ 64,  qu'il faut lire 1764, sur une autre encore : 1861... mais aucune indication sur les pierres du fournil ! Il y a fort à penser, d'après ses caractéristiques, que cette construction date du XIXe (comme à Villesèque ).

Si l'on s'attarde un peu devant ce beau fournil qui occupe une surface au sol de quelques 20 m², on distingue de l'extérieur les 2 parties, l'une plus basse correspond au four. A l'intérieur, la bouche du four à pain s'ouvre sur une cavité de plus de 2m  en largeur et profondeur. Sur la sole de dalles épaisses chauffées par le feu, on placera les produits à cuire, la voûte de briques réfractaires est en fait une coupole aplatie et arrondie. Un large rebord de pierre devant la bouche permet de déposer les objets. Elle est surmontée par l'avaloir de la cheminée. On déposait un éclairage dans la niche du mur.    

Cf  sur les méthodes de construction des fours de briques le N° de Quercy Recherche déjà cité, page 49. Jean Lartigaut : « Les campagnes du Quercy après la guerre de cent ans, » Toulouse le Mirail 1978. Usages locaux dans le département du Lot Cahors 1899. Réédition de Quercy Recherche 1977 et 1998. Information donnée par Madame S. Marroux.